Les investigations de la police de New York se cantonnent pour l'instant à une agression sexuelle présumée remontant à 2004.
Mais les choses ne devraient pas s'arrêter là, le producteur étant suspecté d'avoir sévi durant plusieurs décennies, obtenant à chaque fois que c'était possible le silence de ses victimes grâce à des accords de confidentialité grassement payés.
Pour la première fois depuis que le scandale a éclaté, l'homme de 65 ans a été vu alors qu'il sortait mercredi après-midi de la maison de sa fille à Los Angeles.
Interpellé par les paparazzi sur son moral, le faiseur de stars a concédé: "Je ne vais pas fort. Mais j'essaie. J'ai besoin de trouver de l'aide".
"Je tiens bon, je fais de mon mieux", a ajouté M. Weinstein, vêtu d'un jean et d'un tee-shirt foncé. "On fait tous des erreurs. J'espère une seconde chance", a-t-il poursuivi avant de s'engouffrer dans une grosse voiture de type 4x4.
Selon le site people TMZ, le mécène démocrate s'est ensuite envolé pour l'Arizona, où il a intégré un centre de traitement de la dépendance sexuelle.
Depuis les premières révélations du New York Times le 5 octobre, le producteur a vu fondre ses soutiens et a même été licencié par sa propre maison de production, The Weinstein Company.
Critiqués après plusieurs jours de silence, Hillary Clinton s'est dite mardi "choquée et écoeurée", et Barack et Michelle Obama "dégoûtés".
Faits prescrits, ou pas
La liste des femmes se disant victimes de ses abus, principalement des mannequins et actrices, parfois débutantes à l'époque, ne cesse de s'allonger: Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie, Judith Godrèche, Katherine Kendall, Emma de Caunes, Cara Delevingne, Ashley Judd, Léa Seydoux, Mira Sorvino, Florence Darel...
De nombreux faits reprochés au fondateur de Miramax par ces vedettes sont prescrits, car le code pénal local les considère des délits mineurs.
Mais trois femmes ont accusé Weinstein de viol: la star italienne Asia Argento, l'actrice Lucia Evans et une autre femme restée anonyme.
A New York, il n'existe pas de prescription pour les accusations de viol. En Californie, une loi prévoyant une prescription de 10 ans a été amendée l'an dernier, mais sans effet rétroactif.
Selon le quotidien new-yorkais Daily News, la police new-yorkaise cherche à recueillir des éléments concernant des accusations de l'actrice Lucia Evans, publiée mardi par le magazine américain "The New Yorker". Elle assure que Harvey Weinstein l'a forcée à lui faire une fellation en 2004, à New York.
Pas de plainte, pour l'instant
Mais "aucune plainte n'a pour l'instant été enregistrée et, comme toujours, la police de New York encourage toute personne détentrice d'éventuelles informations à le faire savoir", a indiqué J. Peter Donald, porte-parole du New York Police Department.
L'affaire Harvey Weinstein évoque à divers titres le scandale Bill Cosby: nombreuses victimes présumées, faits survenus sur plusieurs décennies, accusations étouffées par des négociations secrètes, modes opératoires différents mais répétés à outrance par le producteur et le comédien noir.
Tout comme Cosby, Weinstein a adopté une ligne de défense consistant à affirmer, par la voix de sa porte-parole, que les relations sexuelles publiquement révélées étaient consenties.
La bataille judiciaire qui se profile se déroulera autant au civil qu'au pénal, et les proches du producteur risquent d'être eux-mêmes emportés par le grand déballage.
Selon le Hollywood Reporter, Harvey Weinstein a étoffé son équipe d'avocats. Il s'est attaché les services d'une ténor du barreau de Los Angeles, Blair Berk. Cette diplômée d'Harvard a défendu des stars d'Hollywood comme Mel Gibson et Lindsay Lohan.
La question du "Qui savait et n'a rien dit ?" est d'ores-et-déjà posée. Le New York Times a affirmé mercredi soir que depuis 2015 les responsables de la maison de production Weinstein étaient au courant des très embarrassants accords de confidentialité liant leur patron et plusieurs femmes.
Or plusieurs membres du conseil d'admnistration, dont le frère d'Harvey et cofondateur de la société, Bob Weinstein, ont fait part de leur "surprise totale" à l'éclatement du scandale.
Les faits rapportés par les accusatrices de Weinstein suggèrent d'autre part une possible complicité de collaborateurs ou collaboratrices du magnat d'Hollywood, qui ont accompagné les futures victimes présumées dans la chambre d'hôtel du producteur, avant de se retirer et les laisser en tête-à-tête.
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