Ces peines demandées, le maximum pour les crimes de "tortures ou actes de barbarie sur mineur de moins de 15 ans", mais aussi pour le meurtre d'Angèle reproché à la mère de l'enfant, sont à la hauteur de "l'extrême gravité des faits", a estimé l'avocat général Olivier Dubief.
Dans un réquisitoire incisif d'une heure, le magistrat a pointé "l'absence de regrets" et le "détachement" dont ont fait preuve les deux accusés, "aucun des deux (n'assumant) la responsabilité de ses actes", a-t-il dit.
Jordane Dubois, 24 ans, et David Pharisien, 29 ans, ont nié tout au long de leur procès avoir battu ou brûlé la fillette dont le corps "n'était que plaies, hématomes, contusions, brûlures", sur la moitié de la surface.
La mort d'Angèle avait été constatée le 8 septembre 2014 à Saint-Georges-de-Pointindoux (Vendée), au domicile du beau-père chez lequel la mère et l'enfant avaient emménagé à peine trois semaines plus tôt.
"Entre le 18 août et le 7 septembre 2014, ils l'ont frappée quand elle réclamait, muselée quand elle gémissait, battue quand elle volait de la nourriture", a rappelé l'avocat général.
'Un objet gênant'
"Ils ont vu le visage d'Angèle se couvrir d'un masque noir, un masque de Zorro, des cloques lui couvrir le corps, son corps suinter. (...) Ils ont vu mais ils n'ont rien fait", a poursuivi le magistrat. Pour lui, plus que "le corps torturé d'une fillette de quatre ans" exposé lors de "quatre jours d'horreur" devant les assises, "le plus insoutenable est de plaider l'ignorance ou l'insouciance".
"Deux êtres humains ont vu au quotidien Angèle agonisante sans que l'amour, l'empathie, le bon sens ou la pitié ne les saisissent, sans qu'ils ne lui apportent les soins appropriés ou n'appellent les secours. Angèle est morte dans l'indifférence de ses bourreaux", a martelé Olivier Dubief.
Interrogés tour à tour mercredi, Jordane Dubois et David Pharisien ont minimisé leur rôle, ne reconnaissant pour elle que quelques "fessées", pour lui des "punitions inadaptées", et clamant: "les tortures, ce n'est pas moi".
Pour l'accusation, s'il n'est "pas possible de savoir précisément qui a fait quoi", ils "ont agi en co-action: l'un commence la punition, l'autre la finit". "Ils sont bel et bien co-auteurs et complices de tortures et d'actes de barbarie, tant par leur action ultra-violente que par leur privation de soins", a insisté Olivier Dubief.
"Malgré les souffrances atroces" d'Angèle, "ils continuent à la bâillonner, la frapper, lui tirer les cheveux, la mordre". Après les brûlures occasionnées par des douches à plus de 70 degrés, les accusés ont porté "de nouveaux coups sur une fillette affaiblie, brûlée sur un tiers de son corps, qui n'a plus le droit de se plaindre sans risquer une nouvelle correction", a souligné l'avocat général.
"Dans ce dossier, la preuve la plus parfaite, c'est le corps d'Angèle, un livre ouvert racontant son calvaire et qui vient dire que seuls les deux accusés ont pu commettre ces actes car il n'y avait qu'eux dans ce huis clos familial", a encore lancé l'avocat général, en direction de la mère et du beau-père d'Angèle, restés prostrés sur leur banc.
Jordane Dubois, qui "joue la mère éplorée (pour) survivre à ce qu'elle a fait", a "bien tué sa fille", volontairement, en l'étranglant "dans un geste d'énervement", a encore jugé Olivier Dubief. "Ca faisait quinze jours qu'Angèle n'était plus l'enfant qu'elle avait été pendant quatre ans, qu'elle était devenue un objet gênant (...) dont on se débarrasse", a relevé le magistrat.
Les avocats des deux accusés doivent plaider dans l'après-midi.
Le verdict est attendu vendredi.
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