Le romancier, né en Normandie il y a 52 ans, compte parmi les quelque 200 écrivains francophones invités à la Foire internationale du livre de Francfort. Il est aussi l'un des plus convoités par les éditeurs étrangers.
Anne Sudman, son éditrice allemande, se frotte les mains. A la tête d'Aufbau, une maison d'édition indépendante berlinoise, elle a réussi à épingler Bussi à son catalogue.
Alors que sort jeudi en France et dans le monde francophone son huitième roman, "On la trouvait plutôt jolie" (Presses de la cité), un roman captivant dont la toile de fond repose sur l'accueil des migrants, les lecteurs germanophones ont la possibilité depuis le mois dernier de lire dans leur langue "Le temps est assassin", son précédent best-seller, un thriller glaçant se déroulant en Corse.
"Quintessence de la France"
Ce dernier roman s'est déjà vendu à plus de 500.000 exemplaires dans le monde francophone. Anne Sudmann a elle prévu un tirage de 65.000 exemplaires en allemand, un chiffre exceptionnel pour un auteur français.
"Les livres de Michel Bussi fascinent les Allemands. Ils y trouvent du suspense, de l'émotion, une quintessence de ce qu'est à leurs yeux la France", explique l'éditrice allemande à l'AFP.
Pourtant il y a très peu d'articles sur Bussi dans la presse allemande. C'est l'enthousiasme des libraires et les articles de quelques blogueurs qui alimentent le phénomène, raconte Anne Sudmann.
Outre l'Allemagne, les droits de "Le temps est assassin" ont été achetés dans dix autres pays dont les États-Unis, la Chine et l'Italie. Une adaptation télévisée pour TF1 est en cours.
Au total, les livres de Michel Bussi sont traduits dans 35 pays, et l'écrivain est membre du club très fermé des écrivains français vendant plus d'un million de livres par an. En janvier 2017, il est aussi devenu le deuxième écrivain le plus vendu en France, derrière Guillaume Musso et loin devant Marc Levy.
Un tel et si rapide succès --son premier roman a été publié en 2011-- aurait pu tournebouler la tête de n'importe qui mais Michel Bussi a gardé les pieds sur terre.
Professeur de géographie à l'université de Rouen, et chercheur en géographie électorale au CNRS, il vient de quitter son métier d'enseignant mais vit toujours en Normandie. Il raconte à l'AFP ne pas fréquenter "le monde littéraire" préférant le contact direct avec ses lecteurs.
"Le succès m'est arrivé assez tardivement, alors je ne vais pas changer ma manière de vivre", dit le romancier à l'allure encore juvénile, courte barbe poivre et sel et volontiers souriant.
Débuts difficiles
Le seul changement, reconnait ce fils d'une institutrice ayant élevé seule ses trois enfants, est de pouvoir se consacrer désormais à temps-plein à son métier d'écrivain grâce à l'argent gagné avec ses succès de librairie.
En arrivant dans des salons littéraires, il lui arrive encore de s'étonner. "Oh! Quel monde il y a", se dit-il, avant de réaliser que la foule qui attend est venue pour lui.
Pourtant, les débuts ont été difficiles. Le romancier s'est d'abord fait sèchement retoqué par les éditeurs à qui il a envoyé ses premiers manuscrits.
En 2006, un éditeur normand, les éditions des Falaises, décide de publier le géographe-écrivain. Le roman s'appelle "Code Lupin" et sera réimprimé onze fois. Un autre suit chez le même éditeur, "Omaha Crime" qui marche encore mieux.
"J'ai compris que je pouvais persévérer", s'amuse aujourd'hui le romancier.
Un de ses textes arrive entre les mains de Denis Bourgeois, le directeur du domaine français des Presses de la Cité. Subjugué, l'éditeur publie "Nymphéas noirs". Aujourd'hui, ce livre, publié en 2011, s'est écoulé à plus de 560.000 exemplaires.
Il n'est pas encore traduit en allemand, "mais les lecteurs me le réclament", affirme Anne Sudmann.
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