Dans ce qui serait une manifestation spectaculaire de ce rapprochement, le président palestinien Mahmoud Abbas se rendra à Gaza "dans moins d'un mois", pour la première fois depuis dix ans, a déclaré à l'AFP Zakaria al-Agha, chef du parti Fatah de M. Abbas dans la bande de Gaza.
Autre avancée de la réconciliation, 3.000 policiers de l'Autorité palestinienne présidée par M. Abbas vont être déployés dans la bande de Gaza et aux frontières avec Israël et l'Egypte, a dit à l'AFP sous couvert de l'anonymat un haut responsable impliqué dans les tractations.
Par ailleurs M. Abbas devrait lever "très bientôt" les mesures financières prises en 2017 pour forcer le Hamas à la conciliation, a dit al-Agha.
La visite de M. Abbas dans la bande de Gaza serait la première depuis 2007.
Le Hamas, vainqueur des législatives en 2006 mais privé de sa victoire sous les pressions internationales, avait évincé de la bande de Gaza l'Autorité palestinienne présidée par M. Abbas ainsi que ses forces de sécurité, au prix d'une quasi-guerre civile avec le Fatah en 2007.
"Parrainage égyptien"
L'Autorité, entité internationalement reconnue supposée préfigurer un Etat palestinien indépendant, est dominée par le Fatah laïc et modéré. Elle n'exerce plus son pouvoir, limité, que sur la Cisjordanie, occupée par Israël et distante de Gaza de quelques dizaines de kilomètres.
Toutes les tentatives de réconciliation ont échoué depuis 2007.
Isolé, confronté au risque d'explosion sociale mais aussi à un soutien amoindri du Qatar, le Hamas, par ailleurs soumis aux pressions du grand voisin égyptien, a fini par accepter en septembre le retour à Gaza de l'Autorité et de son gouvernement.
Le raccommodement a été matérialisé en grande pompe la semaine passée avec le premier conseil des ministres se tenant à Gaza depuis 2014.
Le Hamas et le Fatah ont engagé mardi des tractations entourées du plus grand secret au Caire pour concrétiser la réconciliation.
Le Hamas a annoncé jeudi matin dans un communiqué qu'un "accord (avait) été trouvé aujourd'hui entre le Hamas et le Fatah sous parrainage égyptien".
Une conférence de presse est prévue dans la capitale égyptienne en milieu de journée.
Les pourparlers ont porté sur les modalités pratiques du rapprochement entre les deux partis, à couteaux tirés il y a encore quelques semaines.
Double enjeu
Des questions aussi épineuses que le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza et le sort des 25.000 hommes du bras armé du Hamas risquaient d'être remises à plus tard.
Les deux parties ont déjà signalé que parachever la réconciliation prendrait du temps. Les dispositions tangibles d'un partage de pouvoirs sont annoncées comme extrêmement ardues tant les intérêts des uns et des autres semblent contradictoires.
L'enjeu de la réconciliation, considérable, est double. Le plus immédiat est le sort des deux millions de Gazaouis, éprouvés par trois guerres avec Israël depuis 2008, les blocus israélien et égyptien, la pauvreté, le chômage et les pénuries d'eau et d'électricité.
Au-delà, les divisions palestiniennes sont considérées comme un des principaux obstacles au règlement du conflit israélo-palestinien.
La légitimité du président Abbas, interlocuteur d'Israël et de la communauté internationale, est sapée par le fait que le Hamas, considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis ou l'Union européenne et comme infréquentable par plusieurs pays arabes, préside actuellement aux destinées de deux cinquièmes des Palestiniens des Territoires.
"L'expérience Hezbollah"
Le Hamas attend la levée des mesures financières prises par le président Abbas pour le faire fléchir, comme l'arrêt du paiement de la facture d'électricité gazaouie à Israël. "On reviendra dessus quand le gouvernement sera en mesure d'assumer ses responsabilités", avait dit M. Abbas la semaine passée.
Evoquant l'éventualité que le Hamas reste en charge de la sécurité à Gaza, M. Abbas a aussi prévenu qu'il n'accepterait pas "qu'on clone l'expérience du Hezbollah au Liban".
Le Hamas a signifié de son côté que la question de ses armes n'était pas négociable.
Les parties doivent aussi régler le sort de dizaines de milliers de fonctionnaires recrutés depuis 2007 par le Hamas.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que son pays n'accepterait de traiter avec un gouvernement parlant au nom de toutes les factions palestiniennes que si le Hamas démantèle son bras armé, rompt avec l'Iran et reconnaît Israël. Des conditions a priori impossibles à satisfaire pour le Hamas.
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