Deux surveillantes de la prison de Riom, auxquelles Cécile Bourgeon s'était confiée avant le premier procès en novembre 2016, puis durant cette audience, sont venues témoigner à la barre. Elles n'avaient pas été entendues en première instance devant la cour d'assises du Puy-de-Dôme.
A l'une d'elles, l'accusée avait raconté qu'une semaine avant la mort de Fiona, Berkane Makhlouf avait violemment frappé la petite fille à la tête et qu'elle l'avait soignée. Et que le soir du drame, en mai 2013, il l'aurait tapée un peu plus fort que d'habitude. Paniquée, elle aurait alors voulu appeler les secours mais son ex-compagnon l'en aurait dissuadée.
"Elle voulait parler et c'est tombé sur moi (...). Pour moi, elle voulait faire porter le chapeau à Berkane", estime aujourd'hui la surveillante.
Mais la version livrée par Cécile Bourgeon à l'autre agent pénitentiaire, durant le week-end de pause du premier procès, était tout autre. La détenue était venue spontanément vers elle, lors d'une promenade de sortie.
"Elle m'a dit qu'elle avait donné des coups à la fillette mais que c'était accidentel et qu'elle l'avait ensuite mise dans un sac", a relaté mercredi la surveillante, qui dit l'avoir alors sentie "sincère".
Interrogée par le président de la cour Étienne Fradin, Cécile Bourgeon confirme avoir eu cette discussion mais nie avoir usé de violences sur sa fille. "J'ai pas dit que j'avais mis des coups de pieds aux fesses. Ça, je l'ai toujours contesté (...). Si j'avais porté des coups à Fiona, je l'aurais dit au premier procès", assure-t-elle.
'Plus authentique' ?
"Il y a eu des violences mais je pense pas que c'est ça qui a engendré la mort", poursuit l'accusée, dont l'attitude paraît plus posée qu'au premier procès. Mardi, elle avait souligné que sa psychologue la trouvait "plus authentique".
"Mais à quel moment êtes-vous plus authentique? Regardez-moi dans les yeux", lui a lancé mercredi Me Marie Grimaud, avocate d'une association de protection de l'enfance, la défense l'interrompant aussitôt en l'accusant "d'intimidation".
En fin de journée, sous les coups de boutoir des parties civiles, la tension a fini par monter, Berkane Makhlouf bafouillant tandis que Cécile Bourgeon se montrait plus agressive. Alors que sa mère est longuement interrogée, elle s'empare du micro et lance à ceux qui lui posent des questions : "Si vous ne vous calmez pas, je vais m'en mêler !" Avant de souffler: "Maman, je t'aime".
De ce procès en appel, les proches de Fiona, notamment son père Nicolas Chafoulais, attendent de savoir de quoi Fiona est morte et où le couple l'a enterrée. Mais après trois jours d'audience, la confusion demeure sur le rôle de chacun.
Pour Cécile Bourgeon, sa vérité est celle qu'elle a livrée en garde à vue à Perpignan, en septembre 2013, lorsque le couple a avoué la mort de Fiona après avoir menti pendant plusieurs mois sur une prétendue disparition dans un parc de Clermont-Ferrand.
Elle avait alors accusé Berkane Makhlouf d'avoir porté des coups mortels à la fillette mais celui-ci lui avait rejeté la faute, conduisant Cécile Bourgeon à "décharger toute sa haine, toute sa rage" contre son ex-compagnon. Et de dire alors "des choses de vrai, des choses de faux".
"On a des déclarations contradictoires et on s'attend à d'autres versions dans les jours qui viennent", pronostiquait Me Rodolphe Costantino, autre avocat des parties civiles.
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