Jordane Dubois, 24 ans, et David Pharisien, 29 ans, sont accusés d'actes de tortures et de barbarie sur l'enfant décédé par strangulation, et dont le corps, découvert le 8 septembre 2014 à Saint-Georges-de-Pointindoux (Vendée), présentait des brûlures du deuxième au troisième degré sur 34% de sa surface, ainsi que de nombreux hématomes et ecchymoses.
Seule la mère, qui a reconnu avoir "maintenu" sa fille au niveau de la gorge pour l'empêcher de "gigoter", entraînant sa mort, est également poursuivie pour meurtre.
"Je n'ai jamais brûlé ma fille, je ne l'ai jamais frappée", a clamé Jordane Dubois tout au long de son interrogatoire de près de quatre heures, chargeant son ancien compagnon, chez qui elle avait emménagé à peine trois semaines avant le décès de la fillette.
"Elle m'a accusée de beaucoup de choses, je ne peux pas vous dire pourquoi. Je reconnais ce que j'ai fait depuis le début, je ne vais pas reconnaître ce que je n'ai pas fait", a rétorqué en fin d'après-midi, David Pharisien, empruntant le même ton dédaigneux que son ex-compagne.
'Des fessées' ou 'des claques'
Sans un regard l'un pour l'autre, comme depuis le début de leur procès lundi, les deux accusés ont minimisé leur rôle, niant tout sévice. La mère évoque "des fessées, des tapes sur la main ou à l'arrière de la tête", lui "des erreurs". A "titre de beau-père", M. Pharisien admet "deux douches froides, des claques" pour "calmer" Angèle ou parce que l'enfant réclamait des gâteaux, mais aussi l'avoir bâillonnée, attachée à un poteau ou tirée par les cheveux jusqu'à sa chambre car elle s'était servie de jus de fruits sans permission.
"Tout ce que j'ai fait, c'était inadapté en y repensant", a lâché le jeune homme élancé, les mains jointes derrière le dos.
Des bleus sur le visage d'Angèle qui lui donnaient "des yeux de boxeur" sont maquillés à ses parents en chute dans les escaliers pour que Jordane Dubois "ne passe pas pour une mauvaise mère". Les marques de brûlures, il n'y a pas "prêté attention" et n'a "pas cherché à en savoir plus", dit-il encore, avec peu de mots.
"Je ne sais pas ce qui s'est passé dans la tête de Jordane. Moi à aucun moment, je ne l'ai incitée à faire quoi que ce soit", a encore lancé David Pharisien.
En garde à vue, Jordane Dubois avait dit que "absolument tout était de (sa) faute, les brûlures, les coups", donnant un certain nombre de détails sur les punitions et les douches brûlantes et expliquant que son compagnon lui avait demandé plus de fermeté envers la fillette.
Devant la cour, elle a assuré avoir dit aux gendarmes "ce qu'ils voulaient entendre". "Les ecchymoses, les brûlures, ce n'est pas moi", a répété la jeune femme.
"Convaincue de pouvoir soigner seule" son enfant, à l'aide de pommade, elle n'avait alerté ni les secours, ni les autorités, de crainte qu'on lui enlève sa fille et par "peur de M. Pharisien", un homme qui la "torturait moralement" et la "tétanisait", a avancé Jordane Dubois, des justifications qui ont peu convaincu les parties civiles et le ministère public.
"Vous êtes torturée moralement, tétanisée, mais vous continuez à envoyer des messages à David Pharisien, même après les brûlures. (...) C'est quoi, c'est une torture à base de +Smiley coeur+ (des images de sourires avec des coeurs)?", a ironisé l'avocat général, Olivier Dubief, après que la jeune femme a réitéré cette version.
David Pharisien encourt 30 ans de réclusion criminelle, Jordane Dubois la perpétuité.
Le verdict est attendu jeudi ou vendredi.
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