Un cendrier comme bulletin de vote: c'est l'idée imaginée par un jeune entrepreneur Caennais (Calvados) pour lutter contre la pollution par les vieux mégots dans les rues ou devant les terrasses. "C'est un système ludique, conçu de façon incitative", présente Aurèle Patorni qui vient de créer son entreprise pour développer le concept.
Impliquer les fumeurs
La question est définie par le client, pour capter le plus de fumeurs possible selon l'environnement où le panneau est installé. "J'ai par exemple une entreprise qui a choisi une question sur les horaires de son magasin, raconte Antoine. Devant un lycée, on peut imaginer quelque chose sur les réseaux sociaux, dans une rue plus fréquentée par les personnes âgées un sujet qui les concerne plus." Et le jeune homme a même pensé aux non-fumeurs, qui peuvent participer au sondage sans déposer de mégot grâce à un QR code à scanner avec un téléphone. Un concept original qu'expérimentera bientôt la ville de Caen. Pas encore avec l'entreprise d'Aurèle Patorni, qui pourrait toutefois intervenir plus tard si l'idée prend dans les rues caennaises. "Pour cette phase de test, nous allons installer les boîtes à clopes à quatre emplacements stratégiques", présente Patrick Jeannenez, adjoint en charge de la propreté et de la voirie.
La suite d'une large campagne comprenant notamment des affichages "choc" en ville mais aussi la distribution de cendriers de poche. "Le but de cette opération est double: informer et apporter une solution aux fumeurs", précise l'élu. Une action auprès des restaurateurs est également prévue sur la gestion des terrasses. "En tout, les incivilités nous ont coûté presque un million d'euros en 2015, poursuit-il. Parmi cela il est difficile de quantifier exactement ce que représentent les mégots mais nous estimons récolter plus de 2 tonnes de mégots sur 4 mois."
Amendes : un système plus efficace ?
Si l'expérience porte ses fruits, elle sera élargie. Au cas contraire, l'élu prévient: "si tout cela ne suffit pas, nous passerons à l'arsenal répressif." Des amendes donc, à un montant qui pourrait être significatif. Une démarche à l'inverse de celle d'Eléonore Mandel, président de l'association Zorro Megot. Elle qui organise des collectes et différentes actions de sensibilisation le martèle: "nous ne devons pas être dans la moralisation, nous ne sommes pas là pour stigmatiser les fumeurs."
Pour faire en sorte qu'ils se sentent acteurs de la démarche et "que le geste de jeter sa cigarette ne devienne plus familier, ne soit plus un réflexe", l'association joue sur le côté ludique. "Chez les Zorro, nous jouons sur l'humour: nous sauvons un mégot de la noyade ou d'un piétinement par la foule." Surtout, l'association essaie au maximum de donner une deuxième vie à ces mégots rescapés en les recyclant.
L'enjeu du recyclage
"Pour le moment, cela reste encore un peu compliqué", reconnait-elle. Car dépolluer et traiter ses vieux bouts de cigarette a un coût. D'abord parce que les procédés pour extraire la nicotine sont compliqués et peu répandus, et parce que bien souvent, les sociétés qui le permettent sont loin. Eléonore Mandel envoie, elle, une partie de ses récoltes en Bretagne, pour 14 € par kilo.
Elle en obtient un matériau imperméable et isolant, à base de feuilles et de tabac. Si les applications ne sont pas encore déterminées, il pourrait pourquoi pas servir de base à la construction de nouveaux cendriers urbains ou autres bornes de collecte. Une méthode de traitement qu'Aurèle Patorni comme la ville de Caen aimeraient à terme mettre en place. "Je voudrais pouvoir monter aux gens que le simple fait mettre son mégot dans ces panneaux peut déboucher sur beaucoup de possibilités, créer un véritable cercle vertueux à partir d'un petit geste éco responsable", avance le jeune entrepreneur.
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