L'ambition du président est de trouver les moyens de mettre un terme à la paupérisation de la profession agricole, tout en répondant à la forte nécessité de transformation du secteur pour répondre aux attentes sociétales et environnementales des Français.
Selon la sécurité sociale des agriculteurs (MSA), leur revenu moyen en 2016 a augmenté de 4 à 5% par rapport à celui de 2015 mais il reste compris entre 13.000 et 15.000 euros annuels, soit entre 1.083 et 1.250 euros par mois.
Concrètement, M. Macron devrait proposer que les prix payés aux agriculteurs soient fixés à partir de leur coût de revient, sur lequel transformateurs et distributeurs appliquent ensuite leur marge, et non le contraire comme c'est le cas aujourd'hui.
Pour peser face à l'aval de la filière, les agriculteurs vont également être invités à créer des organisations de producteurs de taille significative.
Mais pour cela, l'Etat devra clarifier le droit à la concurrence, les agriculteurs étant tétanisés par le risque d'être accusés d'entente commerciale comme c'est arrivé par exemple pour "le cartel des endives".
M. Macron devrait également demander plus de transparence aux coopératives dans la répartition de la valeur, alors que ces acteurs du monde agricole ont été accusés d'opacité par leurs adhérents.
Donner un cap
Le président va intervenir, selon l'Elysée, pour "donner un cap et sa vision pour l'alimentation en France" à un moment charnière.
S'ouvre en effet le deuxième chantier des Etats généraux pour "une alimentation saine, sûre durable et accessible à tous", et vont débuter les négociations annuelles entre les distributeurs et leurs fournisseurs, habituellement très tendues et qui influencent fortement les prix payés aux agriculteurs.
Si de nombreux participants aux Etats généraux ont demandé des changements de la loi de modernisation de l'économie (LME) qui régit les relations commerciales, ciblant notamment le seuil de revente à perte et les promotions, M. Macron devrait attendre la fin des Etats généraux en décembre pour intervenir sur cette loi, en adoptant des textes législatifs, ou en ayant recours à des ordonnances, selon l'Elysée.
Le président souhaite en effet que ces mesures soient retravaillées et conditionnées à des engagements des filières à assurer la pérennité des exploitations, tout en montant en gamme, pour que le consommateur s'y retrouve.
"Nous ne voulons pas que le consommateur soit la variable d'ajustement", a expliqué l'Elysée. Les mesures qui auront un impact inflationniste seront donc analysées de près.
Ces dernières semaines, le distributeur Michel-Edouard Leclerc a en effet créé la polémique en accusant les Etats généraux de préparer une hausse "de 5% à 15%" des prix à la consommation.
Accusation relayée par les inquiétudes de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir qui a estimé qu'un "relèvement de 15% du seuil de revente à perte, comme évoqué, se traduirait dès 2018 par une hausse des prix (au total) de 1,4 milliard d'euros".
Les syndicats agricoles FNSEA et Confédération paysanne vont porter mercredi leurs revendications dans les rues de Paris, Place de la République pour le premier syndicat français, et à 18H30, près de l'Assemblée pour la Confédération paysanne.
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