Cette décision intervient alors que Donald Trump a déjà annoncé début juin sa décision de quitter l'accord de Paris sur le climat, estimant qu'il était défavorable aux Etats-Unis. Cet accord avait été signé en décembre 2015 par 195 pays, dont les Etats-Unis de Barack Obama, pour limiter la hausse de la température mondiale.
Le président républicain va cette fois revenir sur le "Clean Power Plan" (plan pour une énergie propre) signé par son prédécesseur démocrate en août 2015. Cette mesure avait pour but d'accélérer la transition énergétique et d'imposer aux centrales thermiques des réductions de leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 32% d'ici 2030 par rapport à 2005.
Le Plan entraînerait la fermeture de nombreuses centrales à charbon, les plus anciennes et les plus polluantes. Il est cependant bloqué depuis février 2016 par la Cour suprême, saisie par une trentaine d'Etats majoritairement républicains.
Conflit d'intérêts
"La guerre contre le charbon est finie", a lancé lundi le chef de l'Agence américaine de protection de l'Environnement (EPA), Scott Pruitt, lors d'un discours dans le Kentucky, une terre minière de l'est du pays.
"Demain (mardi) à Washington, je signerai un projet de décision pour abroger le soi-disant Clean Power Plan de la précédente administration", a dit M. Pruitt, un climato-sceptique qui a combattu les initiatives environnementales de M. Obama.
Ce plan, a-t-il affirmé, "était fait pour désigner les vainqueurs et les perdants (...) La précédente administration utilisait tout son pouvoir et son autorité pour faire que l'EPA désigne les vainqueurs et les perdants et la façon dont on fabrique de l'énergie dans ce pays. C'est mal".
En 2015, alors procureur général de l'Oklahoma, il avait estimé que ce plan était "une tentative illégale d'accroître le pouvoir des bureaucrates fédéraux sur la politique énergétique des Etats".
Cette décision est "l'une des plus grosses attaques contre la santé publique, notre climat et la sécurité de chaque communauté aux Etats-Unis", a dénoncé Michael Brune du Sierra Club, l'une des plus importantes ONG environnementale américaine.
Selon lui, le Clean Power Plan "empêcherait des milliers de morts prématurées et des dizaines de crises d'asthme chez les enfants chaque année".
Ken Kimmell, le président de "Union of Concerned Scientists", a estimé que l'annonce du chef de l'EPA était "entachée par un conflit d'intérêts".
"M. Pruitt a participé à cette affaire en tant qu'avocat pour l'une des parties, puis comme juge et juré à l'EPA et désormais comme bourreau" du plan Obama, a-t-il expliqué.
L'association rappelle qu'avant la signature du plan climat, "aucune règle n'existait pour limiter" les émissions de dioxyde de carbone des centrales thermiques, qui sont "la première cause du réchauffement climatique".
Réglementations 'inutiles'
Donald Trump avait signé en mars le "décret sur l'indépendance énergétique", qui ordonnait un réexamen du plan climat de son prédécesseur. Il estimait que beaucoup de réglementations environnementales étaient "inutiles et destructrices d'emplois" et que l'EPA avait outrepassé ses prérogatives en limitant les émissions polluantes.
Il a plusieurs fois mis en doute la réalité du réchauffement de la planète et le rôle des activités humaines dans ce dernier, et promis de relancer l'industrie du charbon pour redonner du travail aux mineurs. Selon l'Association nationale des mines, l'abrogation du Plan sauverait 27.700 emplois de mineurs et près de 100.000 sur l'ensemble de la chaîne d'utilisation du charbon.
Le charbon reste une composante importante du paysage énergétique américain mais ce minerai ne représentait plus en 2015 que 21% de la génération d'énergie aux Etats-Unis, contre 32% pour le gaz naturel, 28% pour le pétrole et dérivés, 11% pour les énergies renouvelables et 9% pour le nucléaire, selon les chiffres de l'agence américaine pour l'énergie (EIA).
Sur la seule année 2015, la production de charbon américaine a diminué de plus de 10%, tombant à ses plus bas niveaux depuis 1986, et le nombre d'emplois dans ce secteur est passé de 88.000 en 2008 à 66.000 en 2015, selon l'EIA.
Les Etats-Unis sont toutefois le deuxième plus gros émetteur de gaz à effets de serre derrière la Chine.
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