Après une pause estivale, les autonomes, déjà mobilisés au moment de l'élection présidentielle aux cris de "Ni le Pen, ni Macron", sont revenus battre le pavé en septembre contre la réforme du code du travail.
Plusieurs milliers d'entre eux, plus ou moins radicaux - des mouvements lycéens aux quelques centaines de "black blocs" masqués, vêtus de noir et régulièrement accusés d'être des casseurs – y ont reformé le "cortège de tête" défilant en amont de la manifestation, hors des contingents syndicaux traditionnels qu'ils considèrent comme trop timorés face aux autorités.
Alors que leur mobilisation a faibli par rapport à 2016, certains se joindront mardi à la manifestation parisienne du secteur public. Mais ils cibleront également la "répression policière" contre le mouvement social, à la veille du jugement dans l'affaire de la voiture de police brûlée le 18 mai 2016 quai de Valmy à Paris.
"On y sera pour sensibiliser les gens au jugement du lendemain", a indiqué à l'AFP un militant d'un groupe antifasciste parisien.
Deux rassemblements sont prévus dans la capitale mercredi, devant le palais de justice le matin et dans le quartier de Ménilmontant (est parisien) le soir, en soutien aux neuf prévenus contre lesquels des peines de prison de douze mois avec sursis à huit ans ferme ont été requises.
Ces derniers sont soutenus par divers mouvements autonomes, anarchistes, antifascistes, jeunes, certains militants syndicaux, mais aussi quelques intellectuels comme Frédéric Lordon ou la députée de La France Insoumise Danièle Obono, qui redoutent des condamnations "disproportionnées" et "pour l'exemple" dans un procès, symbole pour eux, de la "répression sans précédent" de la contestation sociale.
La voiture de police avait été incendiée en plein Paris en marge d'un rassemblement à l'appel de syndicats de police contre la "haine anti-flics", après plusieurs mois de manifestations et d'affrontements entre forces de l'ordre et manifestants anti-loi Travail.
Les autonomes avaient alors organisé une contre-manifestation et certains, masqués, avaient incendié le véhicule et s'en étaient violemment pris à deux policiers.
Dissuasion et 'loups solitaires'
Mi-septembre, plusieurs incendies volontaires, revendiqués sur un site alternatif d'extrême gauche comme des gestes de solidarité avec les prévenus, ont contribué à faire monter la pression : des voitures en partage Autolib' aux Lilas (Seine-Saint-Denis), cinq fourgons et bus de gendarmerie à Limoges, et au moins 30 véhicules de gendarmerie mobile et 2.000 m2 de locaux détruits dans une caserne de Grenoble.
L'affaire du quai de Valmy "est très symbolique et il y a aussi des groupes radicaux qui l'utilisent comme symbole. Nous, on voit ça de loin", relativise toutefois un membre du collectif de soutien "Libérons-les".
Le mouvement de solidarité avec les inculpés du quai de Valmy est "décentralisé", "avec les mêmes éléments de la mouvance autonome qu'on retrouve dans la mobilisation contre la loi Travail, y compris en province", explique le chercheur indépendant Jacques Leclercq, spécialiste des mouvements autonomes.
Un membre du collectif de soutien l'assure : "s'il devait y avoir des condamnations lourdes, c'est-à-dire conformes aux réquisitions, il y aurait certainement un embrasement social et politique" qui "relancerait les mobilisations sociales sur les violences policières".
D'autant qu'aujourd'hui, "il y a peut-être plus d'espoir de rassembler les jeunes autonomes contre les violences policières que sur les ordonnances, qui sont de toutes façon passées", souligne le militant antifasciste. Voire mobiliser au-delà, ajoute-t-il, comme dans certaines banlieues où les cas de présumées bavures policières mortelles du type Adama Traoré donnent, eux, très rarement lieu à des procès.
En cas de lourdes condamnations mercredi, la réplique "sera au maximum clandestine" car elles pourraient avoir un "effet dissuasif", estime Jacques Leclercq. Tout en prévenant qu'"il y a un risque que ça aboutisse à des dérapages, à des phénomènes plus sérieux de loups solitaires".
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