"Il y avait près de cent personnes à bord", a déclaré à l'AFP Alauddin Nayan, responsable des garde-côtes.
Sur la centaine de passagers, une petite quarantaine étaient des adultes, "le reste étaient des enfants", selon les témoignages des survivants, a précisé le commandant.
"Nous avons parlé à plusieurs survivants. L'un d'entre eux a dit que le bateau transportait 80 à 100 personnes, dont 30 à 35 hommes", a déclaré Abdul Jalil, un responsable des garde-côtes bangladais.
Ce nouveau naufrage s'est produit dimanche soir près du village côtier de Galachar, dans le Golfe du Bengale, non loin de l'embouchure de la rivière Naf, qui sépare la Birmanie et le Bangladesh.
Les Rohingyas y affrontent une mer agitée depuis des semaines, pour échapper à la répression de l'armée birmane déclenchée après des attaques de postes-frontières par des rebelles rohingyas.
Fin de la trève
Douze corps avaient été retrouvés lundi matin: "Dix enfants, une femme âgée et un homme", selon les garde-côtes, qui ont repêché plusieurs survivants en mer.
Selon les autorités bangladaises, des passagers auraient pu réussir à regagner la côte côté birman, le naufrage s'étant produit non loin de la côte birmane.
L'ONU juge que l'armée birmane et les milices bouddhistes se livrent à une épuration ethnique contre la minorité musulmane.
Accusée d'incendier des villages pour inciter les Rohingyas au départ, l'armée birmane répond en mettant en cause les rebelles rohingyas eux-mêmes. Des accusations invérifiables, les autorités birmanes interdisant l'accès à la zone de conflit.
Après quelques jours d'accalmie, l'exode des Rohingyas vers le Bangladesh a repris, principalement en raison du manque de nourriture dans l'ouest de la Birmanie, où la souffrance est "inimaginable" selon l'ONU.
Environ 2.000 réfugiés continuent à arriver chaque jour, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Et la crise ne donne pas de signes d'amélioration: les rebelles de l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA) ont rappelé samedi que le cessez-le-feu unilatéral d'un mois, déclaré le 10 septembre, s'achevait lundi soir à minuit.
"Si, à n'importe quelle étape, le gouvernement birman se montre ouvert à la paix, alors l'ARSA lui réservera un bon accueil et agira en réciprocité", assure l'ARSA, avec lequel le gouvernement birman refuse tout dialogue.
Une nouvelle flambée de violences relancerait l'exode vers le Bangladesh et y aggraverait la crise humanitaire.
La 'mère' menacée à Oxford
Alors que les réfugiés vivent dans des conditions sanitaires déplorables, abrités sous des bâches plastiques et sans sanitaires en nombre suffisant, l'ONU s'inquiète du projet d'extension du camp de Kutupalong, où vivent déjà plus de 300.000 réfugiés Rohingyas. Sa capacité pourrait être portée à 800.000 places, pour faire face à une crise partie pour durer.
Pendant ce temps, en Birmanie, le ressentiment envers la communauté internationale, accusée de parti pris pro-rohingya, reste fort.
Le journal officiel Global New Light of Myanmar titrait en Une sur une opération de protestation contre le retrait du portrait de la Prix Nobel de la paix des murs de l'université d'Oxford.
Des peintres se sont réunis pour peindre celle qui reste une icône dans son pays, où il est commun de l'appeler "mère".
"Notre confiance totale en notre mère est irrévocable", dit U Nay Aung Shu, de l'Association des artistes traditionnels.
Aung San Suu Kyi est très critiquée à l'étranger pour son peu d'empathie envers les Rohingyas, considérés comme une des minorités les plus persécutées au monde, dans ce pays marqué par un fort nationalisme bouddhiste.
Elle doit composer avec une armée qui reste très puissante, malgré l'autodissolution de la junte en 2011, ainsi qu'une opinion publique largement xénophobe et anti-musulmane.
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