Le 26 novembre 2016, la mère, Cécile Bourgeon, 31 ans, avait été acquittée par la cour d'assises du Puy-de-Dôme, sous les huées de la foule, du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Elle avait été condamnée à cinq ans de prison pour quatre délits, dont la "non assistance à personne en danger" et la "dénonciation de crime imaginaire", pour avoir élaboré le scénario mensonger d'une disparition de Fiona, sa fille de cinq ans, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Son ex-compagnon Berkane Makhlouf, 36 ans, avait écopé de 20 ans de réclusion criminelle pour l'ensemble des faits.
Le parquet général, qui avait requis pour les deux accusés la peine maximale - 30 ans de réclusion - avait fait appel.
L'affaire débute le dimanche 12 mai 2013, quand la jeune femme, alors âgée de 26 ans et enceinte de son troisième enfant, signale à la police la disparition de sa fille dans un parc de Clermont-Ferrand, pendant qu'elle faisait une sieste. La thèse de l'enlèvement est privilégiée. Devant les caméras, la mère, en larmes, lance un déchirant appel.
Mais les enquêteurs soupçonnent rapidement le couple, connu pour sa toxicomanie, et le placent sur écoute. Ils attendent l'accouchement de la jeune femme en septembre 2013 à Perpignan, où Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf ont déménagé, pour les réinterroger.
Ils avouent alors que Fiona est morte et qu'ils ont enterré son corps en bordure d'une forêt près du lac d'Aydat, à une vingtaine de kilomètres de Clermont-Ferrand. Mais tous deux se rejettent la faute et le lieu d'inhumation reste introuvable.
"On risque de s'égarer"
La mère accuse son compagnon d'avoir maltraité la fillette et assené des coups violents la veille du drame. Des allégations qu'il rejette en bloc, l'accusant à son tour d'avoir frappé Fiona. Le flou de leurs souvenirs empêche les enquêteurs d'y voir clair. Tous deux sont renvoyés sans distinction devant les assises.
A Riom, les débats s'enlisent et le procès vire à la farce, quand un témoin-surprise, une médium-radiesthésiste, explique à la barre avoir été "contactée par la fillette"... avant de s'effondrer sur le sol. Poussée dans ses retranchements, Cécile Bourgeon perd plusieurs fois son sang-froid. Au final, le verdict de la cour fait un choix entre les deux accusés, mais la disparition de Fiona reste entourée de mystère.
Au Puy-en-Velay, "ce sera le procès de la seconde chance pour qu'ils puissent nous expliquer ce qui s'est passé", estime l'un des avocats des parties civiles, Me Antoine Portal. "Qu'on arrête de nous balader, de nous manipuler (...). Fiona est morte de violences, c'est d'une évidence limpide", lance Me Charles Fribourg, avocat du père de la fillette, Nicolas Chafoulais. "On lui doit la vérité, lui expliquer comment Fiona est morte et où son corps a été jeté."
Mais la défense est pessimiste. "Je ne suis pas certain que ce second procès puisse apporter des réponses supplémentaires", estime Me Renaud Portejoie, conseil de Cécile Bourgeon, qui a tenté de se suicider fin juillet en prison.
La parole de Berkane Makhlouf, qui s'estime "injustement condamné", peut-elle être la clé de ce nouveau procès ? Pour son avocat, si cette nouvelle confrontation est souhaitable, elle peut aussi se transformer en règlement de comptes et "on risque de s'égarer dans la recherche de la vérité", prévient Me Mohamed Khanifar.
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