Des forces spéciales turques et de l'équipement militaire, dont des tanks, étaient déployés dimanche près de la frontière syrienne, mais l'opération annoncée samedi par le président turc Recep Tayyip Erdogan, n'avait pas encore démarré, selon des sources sur le terrain.
L'objectif de l'opération "est de libérer entièrement Idleb de Tahrir al-Cham", une coalition jihadiste composée essentiellement de l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda qui contrôle une grande partie de la province d'Idleb, selon un commandant rebelle participant à l'opération.
Les forces turques postées à Reyhanli, près de la frontière, ont procédé dimanche matin à sept tirs de mortiers en direction de la Syrie afin de faciliter le passage de l'Armée syrienne libre soutenue par Ankara, selon l'agence privée Dogan.
Des témoins, ainsi que l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) ont eux-aussi rapporté des échanges de tirs entre Tahrir al-Cham et les troupes turques qui démolissaient une partie d'un mur séparant la Turquie de la province syrienne d'Idleb.
L'OSDH a néanmoins précisé que ces échanges de tirs ne semblaient pas pour le moment marquer le début de l'opération.
Des véhicules blindés et des troupes turques patientaient ainsi dimanche à la frontière, d'où montait de la fumée provoquée par les tirs de mortiers, a constaté un photographe de l'AFP.
Idleb, seule province dans le nord-ouest syrien à échapper au régime de Bachar al-Assad, figure parmi les quatre "zones de désescalade" annoncées en mai par les alliés internationaux du régime et des rebelles, afin d'instaurer des trêves dans diverses régions de Syrie.
Ces cessez-le-feu, négociés par la Russie et l'Iran -alliés du régime- et la Turquie -soutien des rebelles- excluent les groupes jihadistes, notamment Tahrir al-Cham.
'Pas une partie de plaisir'
Le président turc a annoncé samedi qu'"une opération sérieuse se déroule à Idleb et qu'elle va se poursuivre", précisant alors que l'armée turque n'était "pas encore" sur place.
Selon le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, la Turquie souhaite ainsi "empêcher de nouveaux affrontements et faciliter le processus politique" en Syrie.
Selon Aron Lund, spécialiste de la Syrie au centre de réflexion américain Century Foundation, l'objectif pour la Turquie est d'abord "de remodeler les zones frontalières et d'y placer des groupes qui lui sont favorables".
L'offensive turque intervient alors que Tahrir al-Cham, qui compte quelque 10.000 combattants selon l'OSDH, se trouve déjà en posture délicate, faisant face à des défections et des divisions internes.
Samedi, Tahrir al-Cham a prévenu dans un communiqué "les traîtres parmi les factions" qu'Idleb "ne serait pas une partie de plaisir".
'Demain Afrin'
Cette annonce du président Erdogan survient une semaine après une visite du président russe Vladimir Poutine à Ankara.
La Turquie et la Russie, qui soutiennent des camps opposés en Syrie, ont mis leurs divergences de côté ces derniers mois pour tenter de parvenir à un règlement du conflit qui a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés depuis mars 2011.
La Turquie a déjà mené entre août 2016 et mars 2017 une opération militaire dans le nord de la Syrie, baptisée "Bouclier de l'Euphrate", afin de repousser le groupe Etat islamique (EI) et les milices kurdes qu'Ankara considère comme terroristes.
Selon le quotidien Hürriyet, les forces rebelles impliquées dans cette opération seront les mêmes que lors de l'opération Bouclier de l'Euphrate.
Depuis la fin de cette opération, la Turquie a affirmé à plusieurs reprises être prête à lancer une nouvelle opération militaire en Syrie, répétant qu'elle "n'autorisera pas" la création d'un "corridor terroriste" à sa frontière.
Ankara a notamment affirmé par le passé être prête à intervenir dans le "canton" kurde d'Afrin, situé au nord d'Idleb.
"Aujourd'hui Idleb, demain Afrin", titrait dimanche le quotidien progouvernemental Yeni Safak qui évoquait une "opération de paix".
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