Mais moins d'une semaine après la mort de 58 personnes et près de 500 blessés, il apparaît clairement que la législation ayant permis à Stephen Paddock d'amasser 47 armes à feu --dont des fusils d'assaut de type militaire-- et des milliers de munitions, va rester telle quelle.
La raison, tout le monde la connaît. C'est le pouvoir incontestable de la National Rifle Association, le lobby des armes aux Etats-Unis.
Elle ne compte que cinq millions de membres mais donne la chair de poule à tout homme politique s'avisant de menacer le droit de détenir des armes à feu, protégé par le deuxième amendement de la Constitution.
Avec les républicains, ses alliés traditionnels, aux commandes de la Maison Blanche et du Congrès, peu de chance que la fusillade de Vegas entraîne un resserrement drastique de la législation.
Fondée il y a près d'un siècle et demi pour promouvoir l'habileté au tir, la mission de la NRA a obliqué dans les années 1970 pour défendre une interprétation large du deuxième amendement à la Constitution américaine, qui garantit le droit de posséder une arme.
Un virage pris en réaction à la loi sur le contrôle des armes à feu de 1968 qui a imposé aux vendeurs d'avoir une habilitation, et a fixé des restrictions sur divers types d'armes.
Puissante mais pas prodigue
Au fil des ans, elle s'est installée à l'avant-poste de la protection de ce que de nombreux Américains considèrent comme un droit fondamental, avec une influence politique croissante.
Depuis les années 1990, elle a asséné des coups puissants au niveau local et national à quiconque menaçait ce droit.
Le secret de son pouvoir réside dans le fait que ses supporteurs ne votent qu'en fonction d'un sujet --le droit aux armes-- alors que ses adversaires sont moins focalisés.
"Ils sont efficaces pour mobiliser leur électorat", ce qui a pour effet qu'une "minorité bruyante l'emporte sur une majorité apathique", analyse Gary Jacobson, professeur de sciences politiques et expert des élections à l'université de Californie.
Financièrement puissante, la NRA n'arrose pas pour autant les candidats.
D'après l'ONG National institute on money in state politics, elle n'a donné que 21 millions de dollars à des candidats ces 27 dernières années, et dépense environ 3 millions de dollars par an en lobbying à Washington.
Mais, dans les trente Etats publiant ces données, la NRA a dépensé en treize ans 115 millions de dollars en campagnes de communication pro-armes (télévision, internet).
"Les élus savent en général ce qu'il est dangereux de faire", relève Harry Wilson, professeur à l'université de Roanoke et auteur de trois ouvrages sur la politique du droit aux armes à feu.
Il estime que l'influence de la NRA, dont il est adhérent, est très sous-estimée et qu'elle a le soutien de non détenteurs d'armes et de libertaires.
'Une question de vie privée'
"Les détenteurs d'armes sont en général des défenseurs des droits civiques avant tout. C'est une question de vie privée", explique-t-il. "L'idée que tout le monde souhaite un contrôle des armes et que seule la NRA s'y oppose est tout simplement un mythe".
Pour M. Jacobson, la position de l'association est désormais devenue "l'orthodoxie" des républicains et ses partisans reflètent la base des électeurs du président Donald Trump.
La fusillade de Vegas a d'ailleurs permis de constater le pouvoir de la NRA.
Paddock avait équipé douze de ses fusils de "bump-stock", un mécanisme permettant de transformer des armes semi-automatiques en automatiques et donc de tirer des centaines de balles par minute, d'où le bilan très élevé pour un drame d'une dizaine de minutes.
Les démocrates ont immédiatement appelé à l'interdiction de ce dispositif. Mais M. Trump était réticent à prendre position, tout comme de nombreux parlementaires républicains, du moins jusqu'à ce que la National Rifle Association se dise favorable à "un contrôle renforcé" de ces mécanismes.
Sans rien lâcher d'autre. "Dans un monde de plus en plus dangereux, la NRA reste concentrée sur sa mission: renforcer la liberté du deuxième amendement de se défendre soi-même, sa famille et sa communauté".
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