Ces derniers mois ressemblent de plus en plus à une descente aux enfers pour la dirigeante de 61 ans, qui avait succédé en juillet 2016 à David Cameron, balayé par le résultat du référendum du 23 juin 2016 sur la sortie de l'UE.
Il y a d'abord eu les élections législatives anticipées du 8 juin. Portée par des sondages flatteurs, Theresa May organise le scrutin avec trois ans d'avance, pensant renforcer sa main en vue des négociations avec Bruxelles sur le Brexit et atomiser au passage l'opposition travailliste du radical Jeremy Corbyn.
Le résultat est loin de celui escompté: les conservateurs perdent leur majorité absolue au Parlement, Corbyn se refait une santé, et l'autorité de Theresa May, accusée d'avoir tenté un coup de poker, vole en éclats.
La Première ministre espérait reprendre des couleurs cette semaine lors du congrès de son parti à Manchester, la grande ville du nord-ouest de l'Angleterre.
Mais comme si le sort s'acharnait contre elle, son discours devant les militants et cadres des tories a tourné à la catastrophe.
Il y a eu cette irruption d'un comédien lui tendant un formulaire de licenciement. Puis ces quintes de toux à répétition. Et enfin, sur un panneau derrière elle, des lettres du slogan des conservateurs qui se sont détachées une à une.
Grant Shapps, un ancien ministre, affirmait dans la foulée qu'un groupe d'une trentaine de députés voulaient sa tête.
'Comme aller chez le dentiste'
Pour l'éditorialiste du Times Philip Collins, cette succession de difficultés risque de finir par "submerger" la Première ministre.
Et pour de nombreux conservateurs, la question n'est même plus de savoir +si+, mais +quand+ elle finira par jeter l'éponge, certains évoquant 2019, date à laquelle le pays doit officiellement quitter l'UE.
"Se débarrasser d'elle, c'est comme aller chez le dentiste", dit un ministre britannique cité par le tabloïd The Sun, sous couvert d'anonymat: "Vous ne cessez de repousser le rendez-vous parce que c'est douloureux. Mais vous finissez quand même par y aller".
Les événements pourraient se préciser avec la reprise des travaux parlementaires, lundi.
Parmi les successeurs potentiels de Theresa May figure le tumultueux ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, dont les sorties récentes sur le Brexit sonnent comme autant de critiques des orientations de la Première ministre.
D'aucuns citent également la ministre de l'Intérieur Amber Rudd, celui du Brexit David Davis, ou encore le vice-Premier ministre Damian Green.
Difficile en revanche de trouver des noms parmi la nouvelle garde du parti, sans doute peu enthousiaste à l'idée d'endosser le rôle du pompier de service au moment où les discussions sur le Brexit patinent.
Le Parlement européen a encore déploré mardi l'insuffisance de progrès et il semble qu'il y ait peu de chances que le dossier ne connaisse d'avancées majeures lors du sommet européen des 19 et 20 octobre à Bruxelles.
La contre-offensive
Les déboires de Theresa May ne sont pas sans rappeler les derniers jours de Margaret Thatcher, poussée dehors en 1990 par ses propres troupes.
Theresa May compte toutefois encore des soutiens et Iain Begg, expert de la London School of Economics, s'attend à "des efforts effrénés au cours du week-end pour renforcer (sa) position".
"Toutes les sombres manoeuvres de la politique vont être utilisées pour contrecarrer" l'offensive anti-May, dit-il. Et "si le cabinet (les principaux ministres du gouvernement, ndlr) est derrière elle, elle survivra".
D'autant que son départ serait source de nombreux tracas pour les conservateurs. Les uns redoutent un impact sur les négociations avec l'UE. Les autres s'inquiètent du regain de forme de Jeremy Corbyn, qui s'est vanté d'incarner le "courant politique dominant" et s'est dit "prêt" à gouverner lors du congrès du Labour, fin septembre.
Pour le quotidien gratuit Evening Standard, May pourrait trouver une porte de sortie en annonçant elle-même "le calendrier de son départ".
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