Lundi, la CGT, la CFDT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, mais aussi Solidaires, l'Unsa et la FSU de même que des organisations de jeunesse vont se réunir, une première depuis le début du quinquennat.
L'invitation a été lancée par Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, à l'origine de deux journées de mobilisation en septembre contre la réforme du Code du travail, organisées avec Solidaires.
"Depuis quelques mois, les différentes annonces du gouvernement génèrent un profond mécontentement dans la population (...) Il nous semble important de réfléchir ensemble à la convergence de ce mécontentement et de ces luttes", écrit-il dans le mail d'invitation dont l'AFP a obtenu copie.
Si tous ont répondu présents à cette invitation, la prudence, voire la gêne, est de mise, tant les positions des uns et des autres divergent sur les moyens à employer, mais aussi sur les sujets à aborder.
Faut-il continuer à se focaliser sur les ordonnances, entrées en vigueur depuis le 23 septembre, ou penser déjà aux futures réformes sociales (formation professionnelle, assurance chômage)? Défiler et faire grève sont-ils les moyens les plus efficaces, ou mieux vaut-il discuter avec un exécutif convaincu du bien-fondé de son programme?
Lundi, "on va voir ce que chacun a en tête", résume Luc Bérille, secrétaire général de l'Unsa, gêné par l'ordre du jour très général, "avec des sujets qui n'ont pas grand-chose à voir entre eux" (fonction publique, ordonnances, jeunesse).
'La voie est très étroite'
En outre, l'organisation de cette réunion à la veille d'une journée de mobilisation contre les mesures du gouvernement annoncées dans la fonction publique le gêne. Lui aurait préféré attendre de "savoir quel type de rapport de force on aura pu créer" à l'issue de cette journée "et si cela influe sur la position du gouvernement".
"C'est déjà bien qu'on puisse se voir tous ensemble", se réjouit de son côté Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, qui avait appelé à une intersyndicale dès l'élection d'Emmanuel Macron, en vain.
Il n'a toutefois "aucune illusion de voir une unité de combat lundi soir, puisque la CFDT ne veut pas aller dans la rue" pour dénoncer les ordonnances, même si une partie de la base le réclame. La CFTC et l'Unsa sont sur la même ligne que la CFDT.
Or la CFE-CGC, qui critique vertement la réforme du Code du travail, acceptera de battre le pavé à la seule condition que l'appel soit unitaire.
De son côté, FO prévoit de défiler, avec ou sans les autres syndicats. Longtemps réfractaire à cette idée, son secrétaire général, Jean-Claude Mailly, a fait volte-face lundi, contraint par une base très remontée contre des ordonnances synonymes de "régression sociale".
"On espère trouver des convergences, mais la voie est très étroite", reconnait Philippe Louis, président de la CFTC, lui aussi très prudent quant à l'issue de cette rencontre.
Lui verrait bien une communication commune portant sur les ordonnances, mais plus précisément sur les moyens accordés aux instances représentatives du personnel, dont les décrets d'application n'ont pas encore été publiés.
"Si c'est pour appeler au retrait, on ne signera pas" le communiqué éventuel, prévient-il.
La CFTC est aussi ouverte à une communication commune sur les futures réformes portant sur la formation professionnelle et l'assurance chômage, afin qu'elles se fassent "avec les syndicats, parce qu'ils peuvent être porteurs d'idées, et pas contre eux".
Contrairement aux syndicats, le gouvernement a déjà tourné la page des ordonnances. Dès jeudi, Emmanuel Macron recevra les partenaires sociaux pour discuter des prochaines réformes sociales (assurances chômage, formation, apprentissage).
Chahuté par une partie de ses militants car jugé trop "conciliant" sur les ordonnances, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a haussé le ton cette semaine, appelant Emmanuel Macron à un "rééquilibrage" de sa politique en faveur des plus fragiles.
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