Après des décennies de résistance, le Grand Old Party pourrait ainsi faire un petit pas en direction des démocrates sur le sujet sensible de l'encadrement des armes individuelles, même si cela resterait largement symbolique et qu'une réforme en profondeur est encore loin.
"Clairement, c'est une chose sur laquelle nous devons nous pencher", a affirmé le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan. Dans la foulée, la Maison Blanche s'est déclarée, par la voix de sa porte-parole, "ouverte" à un débat sur ce sujet.
Fait rare, la National Rifle Association (NRA), plus grande organisation du lobby des armes à feu, a aussi estimé que ces mécanismes devraient être soumis à "davantage de contrôle".
"Personne ne devrait posséder un dispositif qui transforme un fusil semi-automatique en l'équivalent d'une mitrailleuse", a déclaré le démocrate David Cicilline, en introduisant à la Chambre un projet de loi qui bannirait un tel système.
Une initiative similaire a été lancée au Sénat, la chambre haute du Congrès. "Monsieur et Madame Amérique, l'heure est venue de se lever. Vous devez dire +Trop c'est trop+", a lancé d'un ton solennel la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, toute habillée de noir.
Des déclarations semblables côté démocrate sont attendues dans un débat qui patine depuis un quart de siècle.
Chaque fusillade endeuillant les Etats-Unis engendre de façon cyclique les mêmes stades: après la réaction horrifiée vient celle de l'unité dans la peine, puis l'indignation à laquelle succède la division politique, et enfin... l'inaction.
Discussions 'concrètes'
Cette fois cependant, des frémissements inhabituels sont observables, venant d'un côté républicain souvent présenté comme otage de la NRA. "Je suis en discussion concrète avec au moins cinq ou six de mes collègues républicains", a ainsi confié M. Cicilline à CNN.
Au Sénat, au moins deux élus de l'équipe de direction des républicains, John Cornyn (Texas) et John Thune (Dakota du Sud), se sont déclarés ouverts à la discussion.
D'autres ont écarté une telle éventualité, notamment Steve Scalise, pourtant grièvement blessé en juin lorsqu'un forcené a ouvert le feu sur l'équipe de baseball républicaine du Congrès, près de Washington.
Mme Feinstein, une élue au long cours et poids lourd du parti démocrate, était devenue maire de San Francisco en 1978 après l'assassinat par balle du précédent maire, George Moscone, et du conseiller municipal Harvey Milk.
Près de quatre décennies plus tard, elle a lancé son énième appel avec l'espoir de faire bouger les lignes grâce à une mesure ciblant le dispositif nommé "bump stock", qu'elle a désigné de façon pédagogique sur une photo affichée à côté de son pupitre.
Quatre-vingt-dix coups sur dix secondes
Le "bump stock" est une crosse amovible qui utilise l'énergie du recul de l'arme pour imprimer un mouvement de va-et-vient extrêmement rapide au fusil, dont les projectiles se rechargent au même rythme.
Douze des fusils retrouvés à Las Vegas dans la suite hôtelière de Stephen Paddock étaient équipés d'un tel système.
Une analyse de certaines rafales qu'il a tirées depuis le 32e étage de l'hôtel Mandalay Bay a établi une cadence de 90 coups sur 10 secondes. Cela lui a permis de faucher des centaines de spectateurs d'un concert de musique country, faisant 58 morts.
L'aéroport international McCarran de Las Vegas a indiqué sur Facebook que deux balles du tireur avaient atteint un de ses réservoirs de carburant, mais qu'il n'y avait eu "quasiment aucune" possibilité d'explosion ou d'incendie en raison de la nature non inflammable du combustible.
L'enquête se poursuivait jeudi sans pouvoir lever le mystère sur les motifs du geste de cet homme de 64 ans, qui s'est suicidé.
Les investigations ont pour l'instant montré que Stephen Paddock, inconnu des services de police, avait préparé sa fusillade avec minutie.
Plusieurs centaines de policiers de Las Vegas ont rendu hommage jeudi à l'un des leurs, Charleston Hartfield, le seul membre des forces de l'ordre tué lors de la fusillade.
Une porte-parole d'un hôtel de Chicago, confirmant une information du site TMZ, a par ailleurs indiqué qu'un homme répondant au nom de Stephen Paddock avait réservé une chambre cet été pendant le festival de musique Lollapalooza.
L'homme n'est pas venu, selon elle, mais sa réservation coïncidait avec le festival qui s'est tenu début août dans un parc au coeur de Chicago et auquel ont participé des centaines de milliers de personnes dont Malia, la fille aînée de l'ancien président Barack Obama.
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