La cour a d'abord écouté le long témoignage anonymisé d'un policier de la sous-direction antiterroriste consacré au principal accusé, jugé pour "complicité" dans l'assassinat au nom du jihad de trois militaires, trois enfants et un enseignant juifs à Toulouse et Montauban commis par son frère en mars 2012 à Toulouse et Montauban.
"Sur l'exécution de l'action, nous n'avons pas de complicité, nous n'avons pas identifié d'autre auteur que Mohamed Merah", a affirmé le policier à la barre. "Alors pour vous, les faits ont été commis par Mohamed Merah seul?", a insisté le président Franck Zientara.
"Pour la réalisation physique, exactement", a confirmé le policier tout en précisant que cela n'excluait pas "d'autres aides pour la réalisation de ces faits".
Un commissaire de police avait la veille suscité l'émoi en développant à peu près la même thèse et qualifiant le tireur de "loup solitaire".
"Nous avons cherché sans préjugé l'existence de complicités sur trois aspects", a expliqué jeudi le fonctionnaire.
"Mohamed Merah a-t-il bénéficié d'une aide physique pour le repérage, la préparation de l'action et la revendication des actions"? A cette question le policier a répondu non, tout en précisant que deux autres aspects d'une possible complicité seront abordés ultérieurement par d'autres policiers.
A savoir: "Comment Mohamed Merah, petit délinquant de cité, s'est-il transformé en terroriste et cette transformation s'est-elle opérée sous l'influence d'un tiers?" et: "Est-ce que Mohamed Merah a bénéficié d'une aide matérielle et d'un soutien financier?"
Or, c'est précisément sur ces fondements que l'accusation a décidé le renvoi aux assises d'Abdelkader Merah, accusé d'avoir favorisé la radicalisation de son frère et, en connaissance de cause, participé au vol du scooter utilisé pour commettre les assassinats.
Le deuxième accusé, Fettah Malki, 34 ans, se voit, lui, reproché d'avoir fourni à Mohamed Merah une aide matérielle, à savoir un gilet pare-balles, un pistolet-mitrailleur et des munitions utilisés par le tueur.
'menaces de mort'
Bien que plutôt favorable à son client, le témoignage du policier a été critiqué par l'avocat d'Abdelkader Merah, Me Eric Dupond-Moretti, qui a fait remarquer au témoin qu'il lisait un rapport sur des actes d'enquête auquel il n'avait pas participé, privant ainsi la défense de la possibilité d'exercer le contradictoire.
"Et si Abdelkader Merah ne vous avait pas dit qu'il était avec son frère lors du vol du scooter, l'auriez-vous su?, a-t-il demandé. "On ne l'aurait pas su", a convenu le policier.
Revenant sur la documentation islamiste trouvée au domicile de son client, l'avocat a demandé: "C'est de l'activisme ou de la curiosité? Plutôt normal pour un islamiste radical de lire de la littérature radicale", a-t-il jugé.
Quant au propos de son client se disant "fier" des actes de son frère, l'avocat a considéré qu'Abdelkader avait "répondu par de la provocation à des provocations de la police".
Avant le témoignage du policier, le ténor du barreau avait surpris la cour d'assises en annonçant avoir reçu une lettre anonyme proférant des menaces de mort contre ses enfants.
Il y est notamment écrit: "Dupond-Moretti, tu vas manger si Merah sort. Tes enfants vont avoir la même chose que les enfants de l'école Ozar Hatorah (l'école juive où ont été tués les enfants à Toulouse, ndlr), une balle dans la tête".
"Je connais mieux que personne le fait que l'avocat soit regardé comme celui qu'il défend. Mais c'est mon honneur de défendre Abdelkader Merah", a lancé l'avocat ajoutant: "je ne défends pas une cause mais un homme".
Plus tôt dans la matinée, c'est un médecin légiste, sollicité par la partie civile, qui avait enflammé les débats en exprimant, contre tous les usages, un sentiment personnel sur l'autopsie d'un des enfants assassinés.
"Pour moi, assassiner un enfant, c'est tuer l'innocence, la confiance qu'il met dans le monde des adultes, c'est tuer l'avenir, celui d'un monde meilleur, c'est impardonnable", avait-il dit. La défense de Merah avait alors dénoncé "la dramaturgie" de la partie civile.
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