Depuis fin août, le Bangladesh est submergé par l'exode sans précédent des musulmans rohingyas de Birmanie voisine. Cette marée humaine a provoqué l'une des plus graves crises humanitaires de ce début de XXIe siècle en Asie.
Plus d'un demi-million de Rohingyas, minorité marginalisée dans l'ouest de la Birmanie, sont passés au Bangladesh voisin depuis le 25 août.
Prise de court par cet afflux, Dacca a dû revoir jeudi à la hausse son plan annoncé le mois dernier de créer un camp de réfugiés pour 400.000 personnes dans le district de Cox's Bazar (sud).
Les autorités ont rajouté 400 hectares supplémentaires aux 800 hectares de terres déjà allouées à ce projet, dans le but d'y rassembler les réfugiés disséminés dans la région.
"Ce qui vivent dans des endroits éparpillés (...) seront amenés au même endroit", a déclaré à l'AFP Mofazzal Hossain Chowdhury Maya, ministre de gestion des catastrophes et de l'aide humanitaire. "Lentement, ils viendront tous" dans ce nouveau camp, qui s'appellera Kutupalong Extension, a-t-il ajouté.
En l'absence de place dans la mer de tente des camps surpeuplés, les nouveaux arrivants dressent des abris de bambous et de bâches dans pas moins de 23 campements improvisés qui constellent la frontière birmane.
Ce projet de méga-camp de réfugiés inquiète des médecins et ONG. Rassembler tous les réfugiés en un même endroit bondé aggraverait les risques d'épidémies, comme le choléra, craignent-ils.
Pour l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), figure de proue des agences de l'ONU sur place, la situation humanitaire dans le sud du Bangladesh "se dégrade progressivement en une catastrophe aux proportions bibliques".
Guerre de l'information
Les Rohingyas fuient une campagne de répression de l'armée birmane, considérée par l'ONU comme une épuration ethnique, consécutive à des attaques de la jeune rébellion rohingya le 25 août dernier.
Les différentes parties s'accusent l'une l'autre de violences, dont font écho les récits de viols, de maisons brûlées, de massacres apportés par les réfugiés.
Le chef de l'armée birmane a entretenu jeudi la guerre de l'information qui a cours dans ce conflit.
Dans un message sur sa page Facebook, le général Min Aung Hlaing a accusé les rebelles rohingyas de mettre eux-mêmes le feu à des maisons de villageois rohingyas dans l'État birman du Rakhine (ouest), afin d'entretenir l'exode massif de cette population apatride vers le Bangladesh.
L'incendie évoqué ne concerne qu'un seul village, Mi Chaung Zay, mais l'incident est monté en épingle par l'armée, accusée elle-même d'incendier des villages pour inciter les Rohingyas au départ.
Selon Amnesty International, les militaires birmans pratiquent "la politique de la terre brûlée".
Sous le feu des critiques, la Birmanie dénonce un parti pris pro-rohingya de la communauté internationale et fait bloc derrière sa dirigeante Aung San Suu Kyi, qui est à la tête du premier gouvernement civil depuis des décennies mais doit composer avec la très puissante armée.
Les violences semblent être descendues d'un cran au Rakhine, région verrouillée par les forces de sécurité et difficilement accessible aux médias et observateurs internationaux. Mais les pénuries de denrées alimentaires et les tensions avec la communauté bouddhiste continuent de nourrir la cohorte de Rohingyas vers le Bangladesh.
Après une brève accalmie, quelque 4 à 5.000 Rohingyas franchissent quotidiennement la frontière ces jours-ci et 10.000 attendraient à proximité pour tenter un passage.
Les Rohingyas, plus grande population apatride au monde, sont traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste.
Victimes de discriminations, ils ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Et ils n'ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux.
burs-amd/ia
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