Sous le filet apparaît une "biohut", une cage faite de grillages et de coquilles d'huîtres, qui sert pendant quelques jours de nursery à des poissons réacclimatés à leur milieu naturel. Jeunes mérous bruns, rascasses, congres, rougets et dorades grises se dispersent peu à peu dans les profondeurs de la Méditerranée.
L'opération réalisée mercredi vient parachever plusieurs mois de travail pour la PME Ecocean, basée à Montpellier. Première étape, son "coeur de métier", explique son président Gilles Lecaillon: la capture de larves, pour permettre la "restauration écologique" des milieux marins endommagés par les activités humaines, notamment dans des ports, en France ou à l'étranger.
"Dans ce domaine, nous avons développé des solutions innovantes complémentaires qui sont validées scientifiquement", dit-il, rappelant que la société, créée en 2003, avait été fondée à partir du constat que depuis les années 1950, le nombre d'espèces marines en danger n'a cessé de croître, victimes de la pollution, de la destruction des habitats ou encore de la surexploitation des ressources marines.
La conservation ne suffit donc plus, il faut "réparer" l'écosystème et "repeupler la mer", argumente Gilles Lecaillon.
La solution la plus simple proposée par l'entreprise est donc celle des "biohuts", et consiste uniquement à déposer ces cages sous-marines dans des zones dégradées comme des ports.
"Reconquête" du milieu marin
Mais la solution la plus complète, baptisée "Biorestore", vise à "repeupler la mer" en trois étapes: la pêche de post-larves qui sont ensuite acclimatées et élevées dans des nurseries à terre, puis relâchées en milieu naturel.
C'est cette troisième étape déterminante qui a eu lieu mercredi lorsqu'un millier de bébés poissons pêchés et élevés depuis mars ont été relâchés dans le cadre du projet Casciomar, un contrat de baie portant sur la zone Cassis, La Ciotat, Marseille (Bouches-du-Rhône).
Parmi les gros projets actuels en France de cette entreprise qui emploie 12 personnes, figurent notamment le volet biodiversité de l'extension du port de Calais, ou encore un projet de "reconquête du milieu" qui démarre en partenariat avec Veolia au large de Toulon (Var) pour limiter les dégâts d'une station d'épuration.
Présente dans une quinzaine de ports en France, Ecocean vise également l'international, où elle est déjà active à Baltimore (côte est des Etats-Unis), aux Pays-bas, au Danemark, en Corée du Sud ou encore en Jordanie. "L'Europe du Nord est une zone cible qui semble prometteuse", commente M. Lecaillon.
Les clients d'Ecocean, qui est bénéficiaire et a réalisé un chiffre d'affaires de 1,1 million d'euros en 2016, sont des gestionnaires de ports collectivités locales, aménageurs côtiers ou industriels "désireux de compenser l'impact qu'ils ont sur le milieu naturel", explique-t-il, notamment dans les secteurs pétrolier et de l'éolien en mer.
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