L'attente prendra fin jeudi à 13h00 (11h00 GMT) lorsque Sara Danius, secrétaire perpétuelle de l'Académie suédoise qui décerne le prix chaque année depuis 1901, dévoilera l'identité du lauréat sous les ors de la salle de la Bourse, à Stockholm.
Les académiciens suédois seraient donc cette année tentés par l'orthodoxie à en croire les oracles, après la consécration de Bob Dylan, premier musicien primé et lauréat peu reconnaissant puisqu'il avait mis plusieurs semaines avant de réagir pour ensuite snober la cérémonie de remise des prix.
"L'Académie est en réalité une société très discrète et on ne doit pas s'attendre à une sensation" cette année, avance Clemens Poellinger, critique littéraire du quotidien Svenska Dagbladet.
Alors, qui sera l'élu?
Tant bien que mal, les milieux littéraires suédois décortiquent les dernières tendances pour tenter de dresser le profil type du potentiel vainqueur et les sites internet de paris adorent.
Mercredi, le Japonais Haruki Murakami et le Kenyan Ngugi wa Thiong'o étaient au coude-à-coude, suivis par la Canadienne Margaret Atwood, dont le roman "La servante écarlate" a été adapté avec succès à la télévision, et l'Israélien Amos Oz.
Un homme, encore un homme? Sur 113 primés depuis le premier d'entre eux, le Français Sully Prudhomme en 1901, seuls 14 sont des femmes. L'Académie suédoise se plaît à rappeler qu'elle ne tient compte ni des origines, ni du sexe.
Mais "le ratio homme-femme parmi les lauréats est embarrassant" et les académiciens devraient en avoir conscience, avance Rakel Chukri, directrice des pages culturelles du quotidien Sydsvenskan.
Si l'Académie choisissait de couronner une oeuvre engagée, son choix pourrait également se porter sur Adonis, le poète franco-libanais né en Syrie.
Les noms de deux auteurs islandais circulent également: Sjón, nom de plume du poète Sigurjón Birgir Sigurðsson, et Jón Kalman Stefánsson.
Halldor Laxness est le seul écrivain islandais à ce jour a avoir reçu la distinction, c'était en 1955.
Pressions en coulisses
L'Académie établit chaque année en février une liste de toutes les candidatures qui lui ont été soumises par des personnalités habilitées à le faire (anciens lauréats, universitaire, etc), avant de la réduire en mai à cinq noms, sur lesquels ses membres planchent pendant l'été avant de déterminer l'élu.
En coulisses, d'intenses campagnes sont menées pour appuyer les "candidats" au Nobel. Pressions que les académiciens disent superbement ignorer et qui, parfois, peuvent se retourner contre leurs auteurs.
Kjell Espmark, membre de l'institution suédoise depuis plus de trente ans, a expliqué au quotidien Dagens Nyheter que recevoir le prix Nobel de littérature, pour un pays, montrait que le développement économique ne se faisait pas aux dépens de sa culture.
Il explique ainsi comment il avait été approché par le chef du gouvernement portugais, Mário Soares, dans les années 90.
"Le Premier ministre est arrivé avec (l'écrivain) José Saramago et a dit: +vous allez lui donner un prix à celui-là+. Saramago était tellement gêné qu'il était près de disparaître", se souvient Kjell Espmark.
Saramago, dont la consécration est au-dessus de tout soupçon, est à ce jour le seul lauréat lusophone du Nobel de littérature, qu'il a reçu en 1998. Son compatriote António Lobo Antunes est un candidat sérieux au Nobel.
"Cette année, je pense que ce sera soit le Portugais Antonio Lobo Antunes, soit l'Albanais Ismail Kadaré. Les noms de ces deux écrivains reviennent depuis longtemps dans les discussions autour du prix. Quand on les prononcera, on se dira +mais bien sûr, ils méritent le prix, il n'y a rien à y redire+", confiait à l'AFP le chef des pages culturelles de Dagens Nyheter, Björn Wiman.
Loin des secrets de l'Académie suédoise, dans la grande librairie Hedengrens, le propriétaire Nicklas Björkholm a mis en avant les oeuvres de potentiels primés parmi lesquels l'Espagnol Javier Marias, les Américains Joan Didion ou Don DeLillo, la Polonaise Olga Tokarczuk ou l'Israélien David Grossmann.
Son favori est le poète sud-coréen Ko Un car, garantit-il, "l'heure est venue (de récompenser) un non-anglophone et un Asiatique".
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