"L'analyse des échantillons collectés (par l'OIAC) se rapporte à un autre événement survenu dans la partie nord de la Syrie le 30 mars de cette année", a déclaré le directeur général de l'OIAC Ahmet Üzümcü dans une interview à l'AFP.
"Les résultats prouvent l'existence de sarin", a-t-il ajouté. "Nous ne savons pas grand-chose pour le moment. On rapporte que cinquante personnes ont été blessées. On ne fait pas état de morts."
Le 4 avril, un raid aérien avait frappé Khan Cheikhoun, petite ville contrôlée par des rebelles et des jihadistes dans la province d'Idleb, faisant 83 morts selon l'ONU, au moins 87 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Dans la nuit du 6 au 7 avril, 59 missiles de croisière Tomahawk avaient été tirés par deux navires américains en Méditerranée vers la base aérienne syrienne d'Al-Chaayrate (centre).
L'attaque de Khan Cheikhoun était jusqu'à présent considérée comme la première utilisation de sarin depuis celle du 21 août 2013 dans des secteurs aux mains des rebelles, en périphérie de Damas. D'après les Etats-Unis, le régime est responsable de cette attaque, qui a fait selon eux au moins 1.429 morts.
Or, M. Üzümcü a déclaré à l'AFP que du sarin avait été utilisé cinq jours plus tôt dans la localité de Latamné, ville située à une vingtaine de kilomètres au sud de Khan Cheikhoun alors aux mains des rebelles.
La mission d'enquête de l'OIAC, qui tente d'entrer en contact avec les victimes, a récupéré des échantillons de sol, des vêtements et des éléments métalliques "qui ont été envoyés à nos laboratoires et nous avons reçu les résultats voici quelques jours".
Mais "je ne pense pas que la mission d'enquête pourra aller sur les lieux", qui sont toujours en zone de conflit, a fait remarquer le directeur général.
L'OIAC concentre actuellement son travail sur cet événement qu'elle prend "très au sérieux". "Il est inquiétant qu'il y ait eu une utilisation ou exposition au sarin avant même l'incident du 4 avril", a commenté M. Üzümcü.
'Pas contre son peuple'
En juin, l'OIAC avait confirmé que du gaz sarin avait bien été utilisé lors de l'attaque de Khan Cheikhoun, sans toutefois pointer des responsables.
Début septembre, des enquêteurs de l'ONU ont affirmé pour la première fois, dans le 14e rapport de la Commission d'enquête de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Syrie, que le gouvernement était responsable. Ce que la Syrie a fermement rejeté.
Dans une lettre adressée au président de la Commission d'enquête, le gouvernement syrien a affirmé: "La Syrie n'a pas utilisé et n'utilisera pas de gaz toxiques contre son peuple parce que, de toute façon, elle n'en a pas."
Le régime Assad nie constamment toute implication dans des attaques chimiques, affirmant avoir remis tous ses stocks après un accord conclu en 2013.
Au total, l'OIAC étudie 45 attaques chimiques présumées en Syrie depuis la mi-2016, avait-elle indiqué en avril.
La commission conjointe de l'ONU et l'OIAC avait déjà conclu que les forces du régime syrien avaient mené des attaques au chlore en 2014 et 2015. Elle avait aussi estimé que le groupe Etat islamique avait utilisé du gaz moutarde en 2015.
Cette commission conjointe, qui enquête également sur l'attaque de Khan Cheikhoun, doit encore en déterminer la partie responsable et son rapport devrait sortir dans les prochaines semaines.
"Le défi est, bien sûr, d'identifier les auteurs de ces attaques. Ils devraient certainement être tenus pour responsables, poursuivis et punis", a souligné M. Üzümcü à l'AFP.
"C'est la seule façon de maintenir une norme internationale forte contre l'utilisation des armes chimiques", a-t-il ajouté.
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