La prise de parole de la cheffe de l'exécutif conclura en fin de matinée le congrès du parti au pouvoir, qui n'aura pas su éviter l'étalage de ses divergences sur le contenu des négociations avec Bruxelles sur la sortie du pays de l'Union européenne.
Tout est parti d'un article publié samedi dans le Sun dans lequel l'intenable ministre des Affaires étrangères Boris Johnson a énoncé ses lignes rouges sur le Brexit, semblant critiquer en creux les orientations de Theresa May dans le dossier.
Partisan d'une rupture franche avec l'UE, "Bojo" s'est fait reprendre de volée par le ministre des Finances Philip Hammond, défenseur lui d'un Brexit en douceur.
"Personne n'est inamovible", a mis en garde Hammond, lundi, en alertant sur les risques que font peser ces divisions sur des négociations dont le Parlement européen a déploré mardi les progrès insuffisants.
Et Theresa May de constater, impuissante, ces querelles rebondir dans la presse et les réseaux sociaux, malgré les appels de nombreux cadres du parti à faire cesser ce "psychodrame".
La Première ministre paie le prix de son revers aux dernières législatives. C'était le 8 juin dernier, et Theresa May perdait, au terme d'élections qu'elle avait pourtant elle-même convoquées pour renforcer sa main dans les négociations sur le Brexit, la majorité absolue au Parlement.
Mais pas seulement: pour nombre de conservateurs et d'analystes, elle est désormais une Première ministre en sursis qui ne doit sa survie qu'au danger que ferait peser son départ sur les chances des tories de se maintenir au pouvoir.
Mercredi, elle tentera de reprendre la main en livrant sa vision des mois à venir devant ses ministres et des centaines de militants réunis dans une salle de conférence de Manchester, la grande ville du nord-ouest de l'Angleterre.
Mais le choix même de ses mots sonne comme un aveu de sa fragilité.
"Mettons-nous à niveau et donnons au pays le gouvernement dont il a besoin", doit-elle dire, selon des extraits de son discours communiqués à l'avance par ses services.
Besoin 'd'enthousiasme'
La Première ministre tentera également de ranimer ce conservatisme social tant vanté lors de sa prise de fonctions en juillet 2016, mais finalement jamais vraiment mis en oeuvre.
"La vie des travailleurs ordinaires (...) doit faire l'objet de toute notre attention", doit déclarer Theresa May, qui a déjà annoncé un gel des frais d'inscription pour les étudiants.
Une manière aussi pour la Première ministre de chasser sur les terres des travaillistes du radical Jeremy Corbyn, gonflés à bloc par leurs gains aux législatives.
Critiqué par à peu près tous les intervenants qui se sont succédé à la tribune du congrès - notamment par Boris Johnson qui a proposé de l'envoyer en "orbite" -, le chef de l'opposition a raillé de son côté l'absence "d'idées et de projets" des conservateurs.
Theresa May devra répondre aussi aux attentes, fortes, des militants, déboussolés par les divisions et partagés eux aussi entre Brexit dur et Brexit doux.
"Nous avons besoin d'un peu d'enthousiasme", a déclaré à l'AFP Audrey Graham, une habitante de la région de Manchester. "Ça a été très difficile pour (Theresa May). Mais nous sommes derrière elle".
Difficile en effet de ne pas remarquer les traits fatigués de la Première ministre ces derniers jours, ou ses réponses parfois mécaniques aux questions des journalistes.
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