Portant une parka sombre sur une chemise blanche, le président américain et la Première dame Melania Trump, casquette sur la tête et toute vêtue de blanc et gris, ont parcouru les rues de la petite ville de Guaynabo où nombre d'arbres sont toujours au sol deux semaines après le passage de l'ouragan.
Donald Trump a demandé aux habitants de cette petite ville plutôt aisée rencontrés dans quel état était leur maison, a posé avec eux sur les photos, distribué des paquets de riz et lancé des rouleaux de papier essuie-tout à la foule comme il l'aurait fait avec un ballon de basket pour marquer un panier.
Près de deux semaines après le passage dévastateur de cet ouragan de catégorie 4, Porto Rico panse toujours ses plaies: une grande partie des habitants vit encore sans électricité, sans accès à l'eau potable ni au carburant, et parfois sans toit.
Pourtant Donald Trump a minimisé sur place la situation sur l'île par rapport à une "vraie catastrophe" comme Katrina à La Nouvelle-Orléans.
"Chaque mort est une horreur, mais si vous regardez une vraie catastrophe comme Katrina et vous regardez les énormes centaines et centaines de personnes qui sont mortes et ce qui s'est passé ici avec une tempête qui était totalement imposante. Personne n'a jamais vu quelque chose comme ça. Quel est votre bilan?" a demandé M. Trump, avant de poursuivre: "Seize (morts) contre des milliers".
L'ouragan Katrina a fait en 2005 plus de 1.800 morts dans la région de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane.
M. Trump a en outre souligné que la gestion de la crise à Porto Rico avait entamé le budget du pays. "Je déteste te dire ça Porto Rico mais tu déstabilise notre budget", a-t-il assuré.
Si la mobilisation du président américain après le passage des ouragans Harvey et Irma au Texas et en Floride a été globalement plutôt bien accueillie, celle concernant Porto Rico a été beaucoup moins consensuelle.
"Nous sommes scandalisés par la lenteur et l'inadéquation de la réponse du gouvernement américain à Porto Rico", a lancé Abby Maxman, présidente d'Oxfam America.
Sur place, nombre d'habitants de cette île située à quelque 2.500 km de Washington, ont ainsi le sentiment d'avoir été traités comme des citoyens de seconde zone.
'Faire tout pour eux'
Une petite dizaine de manifestants anti-Trump s'était d'ailleurs rassemblée dans la matinée devant le quartier général des autorités portoricaines. "Il vient pour un show médiatique, pour du spectacle. Il vient deux semaines après", a relevé Sonia Santiago, retraitée de 62 ans.
L'avion présidentiel Air Force One s'est posé peu avant midi sur la base militaire Luis Muñiz, à une quinzaine de kilomètres à l'est de San Juan, capitale de cette île des Caraïbes.
Juste avant de partir, M. Trump s'était décerné une excellente note sur la gestion des ouragans ayant frappé l'Amérique ces dernières semaines.
"Au Texas et en Floride, nous avons un A+. Et nous avons été tout aussi bons à Porto Rico alors que la situation était plus difficile", avait dit M. Trump.
Ce déplacement constitue un véritable test de leadership pour le président des Etats-Unis, huit mois après son arrivée au pouvoir.
Un test sur sa capacité à gérer des crises d'ampleur mais aussi, pour un dirigeant plus connu pour sa rhétorique enflammée que pour son empathie, à se poser en rassembleur, à consoler son pays.
Mais au-delà des actes et des réels défis logistiques auxquels l'administration est confrontée dans ce territoire asphyxié par la dette et aux infrastructures chancelantes, ce sont les mots et le style du président américain qui ont surpris.
Comme souvent, sa réaction à coup de salves de tweets a semblé guidée par un critère central: les bons points pour ceux qui saluent son travail, les attaques ad hominem envers ceux qui émettent des critiques.
La maire de San Juan, Carmen Yulin Cruz, exprime son désarroi face à une réponse fédérale ? L'occupant de la Maison Blanche lui répond par un tweet cinglant en l'accusant de faire preuve "d'un leadership médiocre". Dans la foulée, il s'en prend à "certains à Porto Rico" qui veulent que l'on fasse "tout pour eux".
Des déclarations qui donné lieu à de vives réactions dans la capitale fédérale américaine, jusque dans les rangs de son propre parti.
Donald Trump a serré la main de Mme Cruz à son arrivée sur l'île, mais n'a pas eu un mot pour celle qui a pourtant été l'une des premières à remonter ses manches pour venir en aide à la population sinistrée.
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