"Le changement climatique ne connaît pas de frontières géographiques et ne peut pas supporter de clivages politiques" car "on a très peu de temps pour inverser la tendance", a lancé le ministre de la Transition écologique et solidaire à l'ouverture des débats.
Ce projet de loi est aussi "une partie de notre réponse à ceux qui, notamment aux Etats-Unis, ont tenté de faire dérailler le train de l'Accord de Paris" de décembre 2015, a fait valoir l'ancien "envoyé spécial pour la planète" de François Hollande.
Le texte vise à concrétiser la promesse d'Emmanuel Macron de "sortir la France des énergies fossiles" (pétrole, gaz, charbon...). A compter de son adoption définitive par le Parlement, prévue d'ici fin 2017, il ne pourra plus être délivré de nouveau permis d'exploration d'hydrocarbures, liquides ou gazeux. Et les concessions d'exploitation existantes ne seront pas renouvelées au-delà de 2040.
Après le Costa Rica, la France entend par là être pionnière à l'échelle mondiale, même si elle n'a jamais été un gros producteur: 815.000 tonnes de pétrole par an, essentiellement dans les bassins parisien et aquitain, soit 1% de la consommation nationale.
Figure populaire, M. Hulot, pour la première fois ministre, va être confronté à l'hémicycle trois jours durant, face à la mobilisation croisée des opposants et de ceux souhaitant aller plus loin.
Le groupe LR lui a opposé en vain deux motions (rejet et renvoi), jugeant que "le vrai sujet est la dépendance de la France au pétrole", ce qui n'est pas réglé selon Julien Aubert. "Je préfère la girafe à l'autruche, parce qu'elle voit loin", lui a rétorqué le ministre sous les applaudissements de la majorité.
"Tout le monde veut protéger Hulot", constate un parlementaire un brin dépité, qui s'est, comme d'autres élus et entreprises, plutôt adressé à Matignon pour faire valoir ses contre-propositions.
En coulisses ou dans les médias, des groupes industriels ont plaidé leur cause. "Si je ne peux pas explorer en France, j'explore ailleurs", a menacé le PDG du groupe Total, Patrick Pouyanné.
'Supplément d'âme'
Sur un sujet fracturant les groupes, quelque 180 amendements ont été déposés, notamment de certains élus MoDem, Constructifs, PS, LR voire LREM demandant de différer l'arrêt de l'exploitation des hydrocarbures, permettre la recherche ou des dérogations.
L'interdiction "n'aura aucun impact sur la consommation de pétrole et conduira notre pays à importer de plus en plus", justifie ainsi Philippe Folliot (LREM, Tarn).
Elus des Pyrénées-Atlantiques, deux députés de la majorité, Jean-Paul Mattei et Josy Poueyto (MoDem), alliés au socialiste David Habib, comptent monter au front pour défendre le bassin de Lacq.
Au plan national, l'activité liée aux hydrocarbures concerne 1.500 emplois directs et 4.000 indirects.
"Il n'y aura pas de brutalité" et "nous avons un petit peu de temps" pour "construire avec les entreprises, avec les salariés, les évolutions nécessaires pour ne laisser personne de côté", a assuré Nicolas Hulot.
L'ex-ministre socialiste de l'Ecologie Delphine Batho, notamment, veut aussi accroître l'ambition du texte en encadrant davantage le "droit de suite", qui permet aux titulaires d'un permis de recherche d'obtenir une concession en cas de découverte.
En l'état, ce droit n'est pas supprimé, au nom d'un risque de "contentieux", mais ne pourra excéder 2040.
Pour véritablement "sonner la fin d'un modèle", la loi doit "inclure des dispositions qui permettent à la France de ne plus accorder aucune concession" dès à présent, comme le souhaitait à l'origine le ministre, a plaidé sur le site du Monde un collectif de militants écologistes initié par la Canadienne Naomi Klein.
Globalement, hors les députés LR opposés au texte, les élus LREM, MoDem, PS et Constructifs le soutiennent, tandis que les communistes penchent vers une "abstention positive". Pour leur part, les Insoumis "conditionnent leur vote à la suppression du droit de suite", a indiqué Mathilde Panot, redoutant que Nicolas Hulot soit un simple "supplément d'âme pour ce gouvernement sans coeur".
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