Un courrier de la direction de LR a été adressé "à Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Franck Riester et Thierry Solère, pour leur permettre de s'expliquer", le Bureau politique ayant décidé "à l'unanimité que sans réponse de leur part d'ici 8 jours, leur départ des Républicains serait acté", a indiqué la direction de LR à l'AFP.
Le bureau politique avait dans un premier temps décidé d'exclure immédiatement M. Darmanin, candidat en place non éligible aux dernières élections sénatoriales sur une liste LREM, pour "dissidence électorale".
Ce dernier, ex-directeur de la campagne de Nicolas Sarkozy lors de la primaire de la droite, aujourd'hui ministre de l'Action et des Comptes publics, est perçu comme l'étoile montante du gouvernement. "Concentré sur son travail ministériel, M. Darmanin ne fait pas de commentaires", a-t-on réagi dans son entourage.
"Pas de commentaire" non plus du côté de Matignon, où Gilles Boyer, le conseiller politique de M. Philippe, a rappelé avec ironie sur Twitter qu'il était membre de la Commission des recours de LR.
Sur la cinquantaine de personnalités présentes au BP, seul Christian Estrosi, maire de Nice, avait voté contre son exclusion, Laurence Sailliet, proche du président des Hauts-de-France,Xavier Bertrand, choisissant elle de s'abstenir.
Mais finalement, à la demande de Laurent Wauquiez, vice-président du parti et favori pour sa présidence, et de Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, il a été décidé d'accorder à tous le même traitement, a indiqué la direction.
En plus de MM. Philippe et Darmanin, sont donc concernés par cette décision Sébastien Lecornu, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Ecologie, et les deux principaux députés "constructifs": M. Riester (Seine-et-Marne), président de ce groupe qui compte en tout trente-cinq députés, dont onze issus de LR, et M. Solère (Hauts-de-Seine), questeur de l'Assemblée.
"Gestes symboliques et sacrificiels"
Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, lui aussi issu de LR, dont le cas a été automatiquement tranché lorsqu'il a décidé de rejoindre le parti du président, La République en marche (LREM), a estimé mardi soir sur CNews que "ce n'est jamais bon signe pour un parti quand il se met à exclure".
Alors que les LR ayant rejoint le camp de Macron sont perçus comme des "traîtres" par leur parti d'origine, M. Le Maire accusait en retour son ancienne formation de s'être "trahie elle-même. Et M. Le Maire de rappeler que LR avait soutenu jusqu'au bout François Fillon, "qui avait dit qu'il se retirerait s'il était mis en examen". "Il s'est trahi une deuxième fois, quand au deuxième tour de l'élection présidentielle, pour la première fois dans l'histoire de la droite républicaine, notre parti a refusé de choisir entre Emmanuel Macron et les extrêmes".
"Il s'est trahi une troisième fois, quand au moment des législatives, il a décidé de changer de projet après en avoir défendu un autre quelques mois auparavant", a-t-il insisté. "Un parti qui s'est trahi trois fois, j'ai préféré le quitter".
M. Le Maire pense également "que le Premier ministre a beaucoup mieux à faire que d'aller s'expliquer devant une structure partisane".
Comme il en avait été décidé lors d'un précédent BP, le 11 juillet dernier, les cinq personnalités concernées, si elles le désirent, pourront aller s'expliquer devant une commission spéciale, composée des députés LR Jean Leonetti, Patrick Ollier et Isabelle Le Callennec.
Il aurait été possible au parti d'attendre le 1er novembre, date butoir à laquelle, chaque année, les députés doivent choisir le parti auquel ils veulent se rattacher. Les constructifs - qui réfléchissent à créer leur propre parti - se seraient peut être d'eux-mêmes mis en dehors de LR, à l'instar de M. Le Maire. Mais "beaucoup de nos militants étant en colère contre ceux qui ont déserté, il faut parfois des gestes symboliques et sacrificiels", explique un ténor Républicain.
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