Si les événements sanglants comme celui de dimanche entraînent à chaque fois un surcroît de mesures, ils soulignent la difficulté d'anticiper de nouvelles attaques par des assaillants qui conçoivent toujours des façons inédites de frapper.
"On ne pouvait pas empêcher cette tragédie. Un point c'est tout", estime Patrick Brosnan, ancien policier de New York devenu consultant en sécurité.
Les hôtels sont des lieux ouverts où l'on pénètre très facilement: pas de détecteurs à métaux aux entrées et les bagages ne sont quasi jamais contrôlés. Particulièrement dans de grands hôtels-casino comme ceux qui ont fait la réputation de Las Vegas, avec ses 150.000 chambres d'hôtel.
Le tireur de Las Vegas, Stephen Paddock, a donc réussi sans difficultés à installer un arsenal d'une quinzaine d'armes à feu à l'hôtel Mandalay Bay.
"Les gens amènent de gros sacs dans les hôtels, ce n'est pas un signe inquiétant", remarque Richard Frankel, ancien agent du FBI et assistant professeur d'études en sécurité intérieure à St. John University.
Les casinos sont cependant plus surveillés que les lobbys d'hôtels.
Récemment, les attentats commis à la Manchester Arena et au Bataclan à Paris ont conduit à un renforcement de la sécurité dans les salles de concerts. Les attentats du 11 septembre 2001 avaient également conduit à la mise en place de protocoles de sûreté accrus dans les aéroports.
Contourner toutes les mesures
A Las Vegas, Stephen Paddock a contourné toutes les mesures prises pour protéger le lieu du concert de musique country qu'il a visé. Il s'est installé en hauteur, au 32ème étage de l'hôtel situé en face, arrosant 22.000 spectateurs d'une pluie mortelle de balles, tuant au moins 59 personnes et en blessant plus de 500.
Il s'est donné la mort avant que la police n'entre dans sa chambre, et ses motifs demeurent mystérieux.
Il est possible de mieux surveiller ce qui rentre dans les hôtels et casinos mais ces établissements doivent "conserver un équilibre entre la sécurité et le fait de rester des lieux accueillants" où les gens viennent s'amuser et se détendre, remarque Jason Porter, vice-président de la société de services de gestion des risques Pinkerton, interrogé par l'AFP.
Patrick Brosnan estime possible de contrôler les bagages dans la mesure où c'est faisable économiquement et où cela ne paralyse pas l'activité de ces lieux par des queues monstrueuses faisant ressembler la réception des hôtels aux interminables queues d'aéroport.
Des caméras analytiques peuvent aussi aider à détecter les armes. Richard Frankel, évoque quant à lui de nouveaux protocoles avec des tireurs sur les toits, des hélicoptères ou des drones pour permettre d'intervenir plus vite lors de grands rassemblements.
Mais le risque zéro n'existe pas.
"Pour arrêter ça, il faudrait installer un détecteur à métaux devant chaque porte, avec des officiers, et des caméras à chaque point de ré-entrée, et des gens pour les surveiller. On ne peut pas faire ça", soutient Shawn Engbrecht, président de la société de protection Cass Global Security.
Vu le trafic dans les hôtels de Vegas, ce serait trop coûteux, sans parler des atteintes à la vie privée dans une ville surnommée "Sin City" (la ville du vice).
Las Vegas, capitale des jeux d'argent, pourrait voir son image épicurienne souffrir et rebuter certains des 43 millions de visiteurs annuels... ce qui pèserait sur des recettes de 60 milliards de dollars par an.
"Les gens qui vont à Vegas ne voudront pas ouvrir leurs sacs. Il y a beaucoup d'enterrements de vie de garçons ou de jeunes filles. Ils emmènent parfois de la marijuana, de l'alcool" ou autres, poursuit M. Brosnan.
Et Shawn Engbrecht d'ajouter que si Stephen Paddock n'avait pu s'installer dans une chambre du Mandalay Bay, "il serait allé dans le motel d'en face, ou sur un toit".
Pessimiste, il ajoute que "si quelqu'un vient vers vous avec un fusil d'assaut et l'intention de tuer, vous n'allez pas lui survivre très longtemps", assure-t-il.
Quant à interdire ou règlementer la la détention d'armes à feu aux Etats-Unis, protégée par le Deuxième amendement de la Constitution, ni Donald Trump ni le Congrès ne semblent prêts à faire bouger les lignes.
"Nous vivons dans une société ouverte, on ne peut pas tout défendre tout le temps. On va devoir vivre avec ça", conclut M. Engbrecht.
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