M. Hamdallah et une dizaine de ministres et de responsables ont foulé pour la première fois depuis 2015 le sol de la bande de Gaza, dans une grande confusion.
Reflet des attentes élevées des habitants de cette enclave éprouvée par les guerres, les blocus et les querelles intestines, des centaines de Gazaouis se sont bousculés pour entendre M. Hamdallah promettre, dès son arrivée, la fin des dissensions qui minent l'action palestinienne et le début d'une nouvelle administration du territoire.
"Le gouvernement commence à exercer son rôle à Gaza à partir d'aujourd'hui", a-t-il déclaré, serré au plus près par ses gardes du corps.
"Refermons ensemble le chapitre de la division", a-t-il exhorté. La priorité est de "soulager les souffrances des gens de Gaza".
Après une décennie d'animosité et malgré la circonspection nourrie par l'échec des précédentes tentatives de rapprochement, sa visite doit préparer le terrain à un transfert progressif de responsabilités -au moins civiles- du Hamas à l'Autorité palestinienne, dont émane le gouvernement de M. Hamdallah.
L'Autorité palestinienne est l'entité internationalement reconnue supposée préfigurer un Etat indépendant.
Le Hamas, considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis ou l'Union européenne et comme infréquentable par certains pays arabes, l'a évincée de la bande de Gaza en 2007 au prix d'une quasi-guerre civile.
Les Etats-Unis se sont félicités prudemment du retour de l'Autorité à Gaza, en soulignant que tout gouvernement palestinien devra renoncer à la violence et reconnaître Israël.
Risque d'explosion
Depuis 2007, l'Autorité n'exerce plus son pouvoir, limité, que sur la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 50 ans et séparé de Gaza par quelques dizaines de kilomètres de territoire israélien. Le Hamas gouverne Gaza où vivent deux tiers des Palestiniens des Territoires.
Les querelles palestiniennes sont considérées comme l'un des obstacles à un règlement du conflit israélo-palestinien et l'une des causes de la désespérance des deux millions de Gazaouis entassés sur leurs terres coincées entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée.
En septembre, le Hamas a fini par accepter le retour de l'Autorité sous la pression du grand voisin égyptien, des déconvenues diplomatiques de son allié qatari et d'un sévère tour de vis financier donné par le président de l'Autorité, Mahmoud Abbas, qui a notamment cessé de payer la facture de l'électricité fournie par Israël à Gaza.
Ces mesures ont rendu encore plus pénible le quotidien d'une enclave soumise aux blocus israélien et égyptien et confrontée aux pénuries, au marasme et au chômage, catastrophique chez les jeunes.
Abou Moussa Hamdona, un Gazaoui de 42 ans, a salué la venue du gouvernement: "Nous l'appelons à s'occuper des jeunes -c'est le plus important-, à résoudre la crise de l'électricité et à améliorer les conditions de vie".
Le risque d'une explosion sociale, conjugué à un isolement grandissant et peut-être une approche plus pragmatique de ses dirigeants, a poussé le Hamas à accepter de se raccommoder avec le Fatah de M. Abbas, estiment des experts.
'Duperie'
Néanmoins, beaucoup d'experts voient dans la bonne volonté du Hamas une manoeuvre tactique pour se défausser d'une situation compliquée.
Ils doutent qu'il cède à l'Autorité palestinienne le contrôle de la sécurité. Et le sort des dizaines de milliers de fonctionnaires recrutés depuis 2007 par le Hamas à Gaza est une autre interrogation majeure.
M. Hamdallah a rencontré lundi après-midi le chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, ainsi que le N.1 du mouvement dans la bande de Gaza, Yahya Sinouar. Il doit diriger mardi un conseil des ministres.
Sa visite était annoncée comme largement protocolaire. Les détails d'un transfert ultérieur de responsabilités doivent être discutés au Caire dans les prochains jours.
Au-delà, se pose la question cruciale de l'acceptation internationale. L'Autorité palestinienne reconnaît Israël. Cela reste hors de question pour le Hamas.
Le Hamas est-il prêt à accepter l'existence d'Israël et à renoncer à la lutte armée?, s'est interrogé le ministre israélien de la Construction Yoav Galant. "Si la réponse est positive, on peut parler de beaucoup de choses. Si elle est négative, c'est que rien n'a changé et que tout ceci n'est qu'une duperie", tranche-il.
"Tout gouvernement palestinien doit de façon non-ambigüe et explicite s'engager à la non-violence, à la reconnaissance de l'Etat d'Israël, à l'acceptation des accords précédents (...)", a indiqué Jason Greenblatt l'émissaire pour le Proche-Orient du président américain Donald Trump sur sa page Facebook.
"Nous allons observer attentivement ces développements tout en pressant l'Autorité palestinienne, Israël et les donateurs internationaux d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a ajouté M. Greenblatt.
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