En marge de la victoire face à Las Palmas (3-0) dans une enceinte du Camp Nou déserte, l'emblématique défenseur de Barcelone, soutien assumé de longue date du droit à l'autodétermination de la riche province du nord-est, a pu accomplir son "devoir" citoyen lors d'un scrutin illégal aux yeux de Madrid.
D'autres n'ont pas eu cette chance, la police pénétrant en force dans les bureaux de vote tenus par des activistes pour confisquer les urnes. Des heurts qui ont fait au moins 92 blessés.
"Je suis très fier de la Catalogne et de tous ses habitants", a ensuite réagi, ému, un Piqué en larmes. "En dépit de toutes les provocations, de l'envie (des autorités espagnoles, ndlr) de les piéger, ils ont manifesté pacifiquement et se font fait entendre haut et fort".
"Je n'aurais pas joué"
Des scènes de chaos et de confusion ont pourtant eu lieu autour de l'enceinte de 99.000 places et les supporteurs ont été priés de rester plusieurs heures à l'extérieur avant que la décision de jouer à huis clos ne soit finalement prise à une demi-heure du coup d'envoi.
La mort dans l'âme et craignant de se voir sanctionné de six points de pénalité, le club blaugrana a choisi de se plier aux exigences de la situation, tout en préservant ses intérêts sportifs.
Ce qui a eu pour conséquence de diviser l'opinion publique alors que deux membres du conseil d'administration du club auraient démissionné dans la foulée. Une réunion extraordinaire du Board devait avoir lieu lundi après-midi, avant une communication du club.
"Je n'aurais pas joué", a tonné depuis l'Angleterre le charismatique Pep Guardiola, désormais entraîneur des Manchester City après avoir été celui des plus belles années du Barça, au micro de la radio régionale Rac1. "Si à la fin vous choisissez de jouer, alors vous le faites avec le public et vous assumez les conséquences".
Pour sa part, Piqué a qualifié ce match, joué dans un silence assourdissant, de "pire expérience professionnelle".
Pas d'entraînement mardi
Lundi, le FC Barcelone a tout cas fait savoir qu'il se joindrait à la grève générale prévue mardi en Catalogne.
"Le FC Barcelone se joindra à la grève générale de mardi et en conséquence, le club sera fermé demain", a indiqué le Barça dans un communiqué.
"Ni les équipes professionnelles ni les jeunes du centre de formation ne s'entraîneront demain", est-il précisé.
Plus largement, les conséquences sur le sport espagnol restent à mesurer, alors que débutait lundi le stage de l'équipe nationale de football, la Roja, pour les matches de qualification du Mondial-2018 contre l'Albanie et Israël.
Piqué, membre indéboulonnable de l'Espagne championne du monde en 2010 et d'Europe en 2012, a ainsi fait part de ses réserves, alors que ses convictions politiques l'ont déjà exposé à la vindicte de certains compatriotes, et qu'il a annoncé son intention de mettre fin à sa carrière internationale à l'issue du Mondial-2018.
Le porte-voix catalan a ainsi également laissé entendre qu'il pourrait dire stop bien avant la Coupe du monde si le sélectionneur Julen Lopetegui ou la fédération estimaient ses prises de position incompatibles avec son rôle sportif.
Figure de proue du sport espagnol, Rafael Nadal a lui avoué son incompréhension: "C'est un moment triste, mon coeur a saigné toute la journée", a déploré Nadal depuis Pékin où il dispute un tournoi. "Surtout, à distance, on vit les choses différemment. J'ai passé plusieurs parties de ma vie en Catalogne, des moments importants, et voir une société si radicalisée me surprend et me désole".
"Nous avons donné une mauvaise image au monde. Il est maintenant temps que les deux parties fassent preuve d'intelligence, la volonté doit venir des deux côtés. Il faut s'asseoir, discuter et trouver des points d'accord pour que cela ne se reproduise plus", a encore supplié le N.1 mondial de 31 ans en conférence de presse.
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