En octobre 2015, les médecins lui avaient diagnostiqué une sclérose latérale amyotrophique (SLA), aussi appelée "maladie de Charcot", une affection neurodégénérative incurable qui conduit inéluctablement à une paralysie et à la mort, dans de grandes souffrances.
La romancière est morte lundi peu après 09h00, euthanasiée en Belgique "comme elle l'avait souhaité", a annoncé sa fille par téléphone à l'AFP.
En janvier 2017, l'écrivaine de 59 ans avait investi le débat public en interpellant tous les candidats à l'élection présidentielle, dans une "lettre ouverte" les mettant en demeure de se "positionner à propos de la légalisation du suicide assisté et de l'euthanasie".
La loi française autorise depuis 2016 la "sédation profonde et continue" jusqu'au décès, une administration de substances anti-douleur qui s'apparente à un droit à être endormi sans être réveillé. Mais elle s'applique uniquement aux malades déjà en phase terminale et n'autorise pas l'euthanasie active, c'est-à-dire l'administration d'un produit provoquant directement la mort.
'Pas une priorité'
Cette loi Claeys-Leonetti "répond plus aux préoccupations des médecins qu'aux droits des patients qui souhaitent ne pas aller au terme de leur maladie incurable ou accepter d'insupportables souffrances. Endormir un malade pour le laisser mourir de faim et de soif est-il réellement plus respectueux de la vie, que d'y mettre fin par l'administration d'un produit létal ? (...) Prenez donc vos responsabilités!", exhortait Anne Bert dans sa lettre.
Pendant la campagne, les équipes du candidat Emmanuel Macron lui avaient répondu que revenir sur la législation actuelle n'était "pas une priorité".
La romancière, qui résidait en Charente-Maritime, avait fait le choix d'aller "mourir en Belgique", une décision qui lui "crevait le coeur".
En Belgique, l'euthanasie active est autorisée depuis 2002 pour les patients souffrant d'un mal incurable et qui ont formulé leur demande "de manière volontaire, réfléchie et répétée".
La ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui s'était prononcée en 2015, "à titre personnel (...) en faveur de l'espace de liberté belge", s'est "alignée sur la position d'Emmanuel Macron" depuis son entrée au gouvernement, avait déploré Anne Bert, après avoir "longuement discuté" cet été avec la ministre par téléphone.
Mme Buzyn a expliqué qu'elle souhaitait "d'abord faire une évaluation de la façon dont cette loi était mise en oeuvre dans notre pays" avant une éventuelle réouverture du débat sur l'euthanasie.
"Je ne veux pas d'une mort violente, ni vivre grabataire avec une respiration artificielle. J'aime trop la vie, je la respecte trop pour cela", expliquait Anne Bert dans les médias, soucieuse de porter son "combat".
Un combat pour faire évoluer les mentalités et la législation française, qu'elle poursuit au-delà de la mort avec un livre, "Le tout dernier été" (Fayard), publié le 4 octobre.
Anne Bert avait prévenu voici quelques semaines qu'elle ne serait "plus là" pour la parution de ce récit intime, blâmant les "conservateurs qui affirment que la vie doit être vécue jusqu'au bout de l'enfer".
Dans une lettre publiée lundi par le JDD, écrite selon sa fille voici "deux ou trois semaines", Anne Bert appelle tous ses lecteurs à prendre la parole pour "contrer une minorité obscurantiste, bruyante, qui se veut dominante". "Réveillez les consciences sourdes ou endormies de nos dirigeants", lance-t-elle.
"Nous n'oublions pas qu'Anne a dû s'exiler dans un pays plus humain (...) pour trouver le repos", a réagi l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), qui milite depuis 10 ans pour la légalisation de l'euthanasie.
Le député de Charente-Maritime Olivier Falorni, qui dit avoir été en contact avec Anne Bert "ces dernières semaines", a annoncé qu'il déposerait officiellement ce lundi une proposition de loi dans ce sens, "pour lui rendre hommage et pour continuer son combat".
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