Ce devait être le congrès du renouveau pour la Première ministre Theresa May, l'occasion de tourner la page des élections législatives du 8 juin et du revers essuyé par les tories, qui y ont perdu leur majorité absolue.
L'occasion aussi pour la cheffe des conservateurs de donner une impulsion à son action en réanimant ce conservatisme social qu'elle avait tant vanté lors de sa prise de fonctions en juillet 2016.
Las, c'était sans compter avec le grand trublion de la politique britannique: Boris Johnson, champion des Brexiters et ministre des Affaires étrangères.
En publiant samedi dans le Sun ses "lignes rouges" sur le Brexit, "Bojo" a une nouvelle fois semé le trouble en se faisant l'avocat d'une rupture claire et nette avec l'UE, critiquant en creux les orientations de Mme May.
La riposte n'a pas tardé. Partisan d'un Brexit plus souple, se voulant plus en phase avec les impératifs des entreprises, Philip Hammond a mis en garde contre les risques que fait peser l'étalage au grand jour de ces divisions au moment où le pays fait face à des défis historiques.
"Plus nous pourrons faire preuve d'unité, plus forte sera notre position dans les négociations", a-t-il déclaré sur Sky News. Le ministre du Brexit "David Davis fait un super job à Bruxelles mais il sortirait renforcé s'il est manifeste aux yeux de tous que le gouvernement est uni derrière lui".
L'incertitude, a-t-il insisté, "nuit" à l'investissement.
Quant à Boris Johnson, "personne n'est inamovible", a-t-il lâché, avant d'appeler les conservateurs, lors de son discours devant le congrès, à "s'unir" derrière Theresa May et à donner un coup d'"accélérateur" aux négociations.
'Une balle dans le pied'
Signe de la confusion ambiante, la Chambre de commerce britannique a appelé les membres du gouvernement à s'intéresser un peu plus au Brexit et un peu moins à leurs nombrils.
"Les entreprises attendent cohérence et compétence de la part des ministres alors que nous entrons dans une période critique pour l'économie", a souligné le directeur de l'organisation, Adam Marshall.
Le malaise était tout aussi palpable dans les allées du congrès, qui se tient jusqu'à mercredi dans une ancienne gare rénovée dont subsiste encore l'élégante structure de fer et de briques.
"Ça fait 53 ans que je suis membre du parti, et encore davantage que je vais à l'église (anglicane) d'Angleterre. Et tous deux ont un point commun: ils passent leur temps à se tirer une balle dans le pied à cause de leurs divisions", a déclaré à l'AFP Geraldine Carter, 67 ans, originaire du nord de l'Angleterre.
L'opposition travailliste, elle, "ne lave pas aussi fréquemment son linge sale en public", a-t-elle estimé. "Nous devons y mettre le holà. Et soutenir la Première ministre".
Reste que Theresa May semblait davantage jouir d'un soutien de circonstances plus que d'une véritable adhésion.
Est-elle la personne idoine pour guider le pays dans les eaux troubles du Brexit? "Probablement", a répondu, sans conviction, Simon Finkelstein, un Londonien de 26 ans. "Mais de toute manière, il n'y a aucun autre candidat qui pourrait prendre sa place. Pour le moment".
A l'heure où l'opposition travailliste du radical Jeremy Corbyn a le vent en poupe, "il serait suicidaire de changer de cheval au milieu du gué", a résumé un autre membre du parti, sous couvert d'anonymat.
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