Elles se produisent régulièrement à travers l'ex-colonie britannique, revenue dans le giron chinois, et figurent dans un nouveau documentaire consacré aux employées de maison de Hong Kong.
Le thème du sacrifice maternel est l'un des fils conducteurs du film. Bon nombre de domestiques sont des mères qui s'occupent des enfants des autres pour subvenir aux besoins des leurs.
Un dimanche après-midi, dans une classe d'école vide, la chorale déclame des tubes comme "Roar" de Katy Perry ou "One Love" de Bob Marley. Mais les titres qu'elles connaissent le mieux ont été écrits spécialement pour elles et parlent de leur situation.
Leur balade phare, "Kiss you goodnight", évoque ces mères qui voudraient mettre leur enfant au lit.
Analyn Tapil, 49 ans, essuie ses larmes en racontant comment elle a dû quitter ses deux fils, alors âgés d'un an et demi et de quatre mois, pour gagner sa vie à Hong Kong, voici plus de 20 ans.
"C'est un énorme sacrifice de laisser ses enfants mais je n'avais pas le choix". Elle envoyait le plus clair de son salaire aux Philippines pour financer leur éducation et a réussi à y faire construire une maison. Cela valait le coup, explique-t-elle dans un sourire. Ils ont fait des études, l'un est ingénieur électrique, l'autre serveur. "Mes enfants ont réussi".
Vergie Anos, 51 ans, vit à Hong Kong depuis 22 ans. Son fils avait un an quand elle a quitté l'archipel. Elle aussi pleure en se rappelant sa décision. "Même maintenant, cela m'émeut tellement".
Montrer autre chose
La chorale leur permet, disent-elles toutes deux, de s'évader du quotidien et de montrer qu'elles sont davantage que de simples domestiques.
"Nous faisons cela pour que nos enfants, notre famille, soient fiers de nous", dit Mme Anos.
La mégapole de 7,3 millions d'habitants compte plus de 300.000 domestiques, essentiellement des Philippines et des Indonésiennes.
Mme Anos comme Mme Tapil se disent bien traitées par leur employeur mais c'est loin d'être toujours le cas, comme l'a montré une série de scandales.
Elles sont tenues de vivre chez leur employeur. En cas de démission ou de licenciement, elles ont deux semaines pour trouver un autre employeur ou partir. Il est fréquent qu'elles n'aient pas leur propre chambre, qu'elles dorment par terre ou dans de minuscules réduits.
Le salaire minimum est de 4.310 dollars hongkongais (462 euros). Quelle que soit la durée du séjour à Hong Kong, elles n'obtiendront jamais de visa permanent à la différence des autres catégories de travailleurs qui peuvent en faire la demande après sept ans.
Malgré tout, la paye est nettement supérieure à ce qu'elles toucheraient aux Philippines et c'est pourquoi elles sont nombreuses à supporter ces conditions.
Le dimanche, seul jour de congé hebdomadaire, elles se rassemblent par dizaines de milliers pour manger et bavarder dans les squares publics, sur les trottoirs et passerelles aériennes, faute d'endroit où se réunir.
Grand écran
La chorale d'une quarantaine de membres se vit comme le prolongement de cette communauté.
Jane Engelmann, chargée des arts du spectacle dans une école primaire, a lancé le groupe voici trois ans et n'importe quel migrant pouvait le rejoindre. Mais ce sont surtout les Philippines qui se sont donné le mot.
Mme Engelmann est l'auteure de leur chanson "Kiss you goodnight".
"Je ne peux pas m'imaginer ne pas pouvoir le faire avec mes enfants", dit cette mère célibataire, totalement dépendante des "helpers" pour pouvoir elle-même aller travailler.
A force de répétitions, la chorale est aujourd'hui bien huilée. Elle s'est même produite aux côtés de stars internationales lors du plus grand festival de musique de Hong Kong.
Mme Engelmann dit que c'est "l'une des plus belles choses de sa vie". "Ce n'est pas un travail rémunéré, mais j'ai été payée de tant de façons".
Cette réussite est relatée dans le documentaire "The Helper" de Joanna Bowers, réalisatrice établie à Hong Kong.
Le film sort dans un premier temps dans un grand cinéma de Hong Kong début octobre. La bande-son qui comprend des morceaux de la chorale, co-produite par Sony Music, sera disponible sur iTunes et Spotify.
"Ces femmes sont considérées comme des citoyennes de seconde classe et souvent traitées comme si elles étaient jetables", dit Mme Bowers. "On voulait voir si on pouvait améliorer leur statut..."
Pour l'heure, les rêves des "héroïnes méconnues" divergent. Certaines veulent continuer comme domestiques, d'autres souhaitent un nouveau départ.
Joy Carbonnel, 39 ans, qui a gagné grâce à la puissance de sa voix de nombreuses compétitions, veut devenir chanteuse professionnelle et professeure de musique.
"La musique, dit-elle, c'est le langage de mon coeur et de mon âme. Quand je chante, je représente les 300.000 domestiques de Hong Kong."
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