Avec une démographie galopante -- +44% de jeunes en âge scolaire en dix ans, selon le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte (Cesem) -–, le 101ème département français ne parvient pas à construire suffisamment de salles de classe pour scolariser tous les enfants du primaire.
En 2016, le vice-rectorat de Mayotte comptabilisait 94.320 élèves soit 40,1% de l'ensemble de la population de l'île scolarisée, dont 52.567 enfants rien que pour le primaire.
Auparavant de la compétence d'un syndicat mixte intercommunal (Smiam) dissous en 2015 pour défaillance, la construction des établissements du primaire ressort désormais de l'Etat.
Le gouvernement a injecté 20 millions d'euros l'année dernière pour accélérer le rythme des constructions, mais le manque de salles de classe contraint toujours les communes à maintenir un système de rotation : la moitié des élèves de certaines écoles a cours le matin, l'autre moitié l'après-midi.
Difficile dans ces conditions extrêmes de mettre en place le dispositif désiré par le président de la République Emmanuel Macron visant à réduire à 12 le nombre d'élèves par classes de CP et de CE1 en éducation prioritaire (REP).
Bien qu'elle soit intégralement classée en Réseau d'éducation prioritaire depuis 2014, Mayotte est loin de pouvoir bénéficier du nouveau dispositif. Par exemple, selon Christian Giraud, directeur académique adjoint (DAASEN), seules "70 divisions (classes) sur 125 CP" de quartiers très défavorisés en bénéficient.
- Des enfants encore déscolarisés -
Sur ces 70 divisions, 27 nouvelles classes, avec leur salle, ont été créées et 43 fonctionnent en co-enseignement dans la même salle de cours, avec deux enseignants donnant cours à deux groupes différents.
Là, "l'effectif moyen est de 13,7 élèves" par groupe de CP, constate le DAASEN.
Mais l'organisation ne fonctionne pas exactement comme prévu: "nous avons plutôt 24 ou 25 élèves avec deux enseignants", rétorque Rivomalala Rakotondravelo, secrétaire départemental du SNUipp-FSU, principal syndicat des enseignants du premier degré.
"Je doute de l'effectivité de ce dispositif", ajoute le syndicaliste, qui se demande en outre comment il serait possible de réduire des classes à 12 élèves "quand il y a encore des enfants qui ne sont pas scolarisés", dont le nombre n'est pas connu.
A Mamoudzou, 600 enfants n'ont pas trouvé de place cette année dans les écoles, dont les deux tiers fonctionnent en rotation, selon Ahamada Haribou, directeur général administratif (DGA) de la mairie.
Pour supprimer cette spécificité mahoraise qui prive les enfants d'une bonne partie de leur scolarité, il faudrait construire 141 classes pour un coût total de plus de 28 millions d'euros, rien que pour cette seule ville, calcule M. Haribou.
En attendant, les écoles primaires du chef-lieu de l'île s'apparentent à des "mini-collèges", selon l'expression du DGA, comme celle de Cavani-sud, qui accueille pas moins 800 élèves.
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