"L'objectif, c'est simplement de profiter de la ville autrement. On est dans une journée qui a une vocation pédagogique, ludique, conviviale", a expliqué vendredi Christophe Najdovski, adjoint écologiste aux Transports de la ville.
Piétons et cyclistes pourront investir à leur guise les plus célèbres artères de la capitale, flâner au beau milieu des Champs Elysées ou déambuler sur les quais de la Seine, sans le brouhaha familier des moteurs et klaxons. L'interdiction des voitures, de 11h à 18h00 (09-16h GMT), ne concernera cependant pas les taxis et véhicules avec chauffeurs.
New York, Casablanca ou Bruxelles ont elles aussi organisé des manifestations similaires.
"A quoi ça sert ?", grommelle Pierre Chasseray, délégué général de l'association "40 millions d'automobilistes", pour lequel "c'est juste de la communication, pour dire la voiture +c'est pas bien+". "S'il ne fait pas beau dimanche, ce sera la journée sans piéton", ironise-t-il.
Avec ses rues souvent exiguës, ses immeubles serrés et ses rares espaces verts, la capitale française est l'une des plus denses d'Europe: d'une surface de 105 km2 quand Madrid s'étale sur 604 km2.
'Une stupidité'
Elle a pourtant longtemps fait la part belle aux automobilistes, avec des voies sur les berges de la Seine permettant de traverser rapidement la ville et de vastes avenues offrant plusieurs files aux voitures.
Tout change en 2001 avec l'élection à la Mairie de Paris du socialiste Bertrand Delanoë.
Allié aux écologistes, ce dernier entame une lutte contre la pollution atmosphérique et l'afflux des voitures: extension du tramway, construction de couloirs pour bus et taxis, chasse aux véhicules les plus polluants. Les pistes cyclables se multiplient et, à partir de 2007, des vélos sont offerts en libre-service: les Vélib'.
Son adjointe Anne Hidalgo, élue maire à sa suite en 2014, accélère le mouvement. La majeure partie des voies sur berges est rendue aux piétons et aux vélos, la construction de nouvelles voies cyclables freine la circulation des voitures.
"C'est une stupidité, les aménagements vont mener à une saturation du trafic", dénonçait récemment Mouhssine Berrada, vice-président de la Fédération nationale des artisans du taxi. "Quel est l'intérêt de réduire la circulation si on a plus de bouchons ?", s'interroge aussi Pierre Chasseray.
'La pollution ça tue'
Privé depuis février de la gestion de la circulation, transférée à la Mairie, le préfet de police de Paris Michel Delpuech a fait lui savoir qu'il "n'est pas du tout hostile au Plan Vélo". Mais il "se préoccupe" de son impact sur la circulation des véhicules de police ou des ambulances dans une ville frappée par plusieurs attentats ces dernières années.
"La pollution ça tue", répond invariablement Anne Hidalgo à ceux qui l'éreintent en "reine des bouchons". La Mairie se targue d'avoir fait plonger de 30% la circulation automobile en dix ans, avec des effets sur la qualité de l'air.
"La pollution atmosphérique à Paris diminue depuis plusieurs années", confirme Charlotte Songeur, porte-parole d'Airparif, un organisme indépendant qui surveille la qualité de l'air dans la région parisienne.
"Entre 2002 et 2012, les émissions d'oxydes d'azote et de particules liées au trafic routier ont diminué de 30 et 35% respectivement", ajoute-t-elle. Une amélioration surtout due à la modernisation du parc automobile mais aussi à la diminution du trafic.
La pollution reste toutefois supérieure aux normes européennes, relève Charlotte Songeur. "La pollution, bien sûr qu'il faut la diminuer", reconnaît Pierre Chasseray. Mais "aujourd'hui, à Paris, c'est la guerre: les automobilistes contre les deux roues, les cyclistes qui en veulent aux automoblistes".
Il propose d'y aller progressivement et de "prendre des mesures qui accompagnent les gens", comme "des parkings relais gratuits et surveillés aux portes de Paris".
"A Copenhague tout le monde roule tranquille - vélos, motos, voitures - parce qu'ils ont amené très progressivement les mesures", note-t-il.
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