Déjà lié financièrement au groupe gazier Gazprom, l'ancien dirigeant social-démocrate allemand, 73 ans, rejoint ainsi une entreprise devenue un vecteur essentiel des intérêts stratégiques de la Russie, visé à ce titre par des sanctions des pays occidentaux liés à la crise ukrainienne.
"Je suis heureux d'avoir été élu non seulement membre du conseil d'administration, mais aussi président" de cette instance, a annoncé M. Schröder à la presse à l'issue de l'assemblée générale des actionnaires du groupe contrôlé par l'Etat russe à Saint-Pétersbourg (nord-ouest).
"Je suis persuadé que de bonnes relations avec la Russie sont dans l'intérêt de l'Allemagne", a ajouté l'ancien chef du gouvernement allemand qui préside déjà le comité d'actionnaires de la société contrôlée par Gazprom exploitant le gazoduc Nord Stream, qui distribue le gaz russe à l'Allemagne via la mer Baltique.
Peu avant, les actionnaires du groupe avaient approuvé sa candidature au conseil d'administration, qui avait été rendue publique en août par un décret du gouvernement russe.
L'ancien dirigeant allemand avait indiqué que ce poste serait rémunéré 500.000 dollars par an avant impôts, mais il était alors question qu'il soit simple membre de l'instance dirigeante et non président.
"Je trouve que ce que fait Monsieur Schröder n'est pas bien, chez Rosneft du moins", avait alors réagi Angela Merkel lors d'un entretien au journal populaire allemand Bild.
"Lorsque je ne serai plus chancelière, je n'ai pas l'intention de prendre un poste dans les affaires", avait ajouté la dirigeante conservatrice.
L'affaire a embarrassé le camp social-démocrate pendant la campagne pour les législatives, le candidat du SPD Martin Schulz assurant avoir signifié à M. Schröder son désaccord.
'Aucune raison' aux sanctions
Chancelier social-démocrate de l'Allemagne de 1998 à 2005, M. Schröder est connu pour être un ami de longue date du président russe Vladimir Poutine, avec qui il a fêté ses 70 ans dans un palais de Saint-Pétersbourg en pleine crise ukrainienne. Il s'est publiquement déclaré contre l'adoption de sanctions à l'encontre de la Russie.
Son entrée au conseil d'administration "va contribuer à développer nos activités internationales, (...) à lier des relations avec des partenaires en affaires, à stimuler les liens entre nos pays", a expliqué le directeur général de Rosneft Igor Setchine avant le vote.
Il dispose de "compétences uniques", a-t-il ajouté: "La période où Schröder était au pouvoir était florissante pour les entreprises allemandes".
Après avoir grossi sur les ruines de Ioukos, le groupe de l'opposant Mikhaïl Khodorkovski démantelé par la justice, Rosneft a connu une croissance considérable depuis 15 ans jusqu'à devenir l'un des plus gros producteurs d'hydrocarbures dans le monde. Il valait environ 50 milliards d'euros en Bourse vendredi.
Contrôlé à 50% par l'Etat russe, il est dirigé par Igor Setchine, très influent proche de Vladimir Poutine. Rosneft fait partie des sociétés sanctionnées par les pays occidentaux en raison de la crise ukrainienne et les contrats signés ces dernières années, en Inde, Chine ou Venezuela, sont souvent étroitement liés aux orientations géopolitiques de Moscou.
"Rosneft est un exportateur très important pour l'Allemagne", a relevé Gerhard Schröder. "Il y a des sanctions et je ne vois aucune raison pour cela. Ce sont les Etats-Unis, pas l'Union européenne, qui aggravent la situation".
L'ancien chancelier a expliqué que son rôle d'administrateur "indépendant" (contrairement aux membres du conseil issus du gouvernement ou des autres actionnaires) consistait à "chercher des compromis en cas d'opinions divergentes".
Outre l'Etat russe qui détient 50% de son capital, le principal actionnaire de Rosneft est le britannique BP (près de 20%). Le groupe a récemment annoncé que le conglomérat chinois CEFC devait prendre 14% du capital, par une opération qui reste à finaliser.
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