Les jeunes se sont donné rendez-vous devant l'Université de Barcelone, un bâtiment historique du centre de la ville de Gaudi, alors que la tension s'exacerbe entre Madrid et les autorités régionales à trois jours du scrutin.
"Nous voterons! Indépendance", ont scandé les manifestants à la mi-journée.
L'Espagne, historiquement exposée à l'indépendantisme d'une partie de la société au Pays basque (nord), vit depuis le début du mois de septembre sa pire crise politique depuis presque 40 ans, selon l'avis de tous ses dirigeants.
Le 6 septembre, le Parlement catalan a adopté une loi pour organiser ce référendum malgré son interdiction par la Cour constitutionnelle, arguant du fait que les indépendantistes le réclament depuis 2012.
Le gouvernement régional catalan dirigé par Carles Puigdemont va de l'avant, malgré les nombreux avertissements des autorités.
Depuis des semaines, il joue au chat et à la souris avec les autorités pour cacher les urnes, les bulletins ou encore ouvrir des sites internet où les électeurs peuvent consulter l'adresse de leur bureau de vote.
"Nous voterons"
Les autorités ont de leur côté multiplié les perquisitions et les menaces de sanctions.
Les dirigeants catalans "insultent l'Etat de droit", s'est plaint jeudi Inés Arrimadas, la dirigeante de Ciutadans, principal parti d'opposition aux indépendantistes dans la région.
Même si elle divisée sur l'indépendance, une majorité d'habitants de Catalogne souhaite un référendum légal. A l'instar du défenseur du FC Barcelone Gerard Piqué, qui a appelé à s'exprimer "pacifiquement". "Ne leur donnons aucune excuse. C'est ce qu'ils veulent. Et chantons haut et fort. Nous voterons", a tweeté le footballeur.
Mais le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy et la justice sont décidés à l'interdire, quitte à faire bloquer l'accès aux bureaux de vote par les forces de l'ordre déployées massivement dans la région, avec plus de 10.000 policiers et gardes civils en renfort.
Dénonçant "la très grave irresponsabilité de Carles Puigdemont", le ministre de la Justice Rafael Catala, a une fois de plus demandé aux séparatistes "d'arrêter ce processus".
"Il n'y aura pas de référendum dimanche", a également déclaré le porte-parole du gouvernement conservateur Iñigo Méndez de Vigo.
Une réunion surréaliste de "coordination en termes de sécurité" s'est tenue jeudi à la mi-journée entre des représentants des gouvernements central et régional, et conclue sur un dialogue de sourds.
Le secrétaire d'Etat à la sécurité, José Antonio Nieto, qui y participait, a expliqué ensuite à la presse qu'il avait réitéré que le scrutin ne pouvait se tenir et espéré "que la cohabitation (entre Catalans) ne soit pas altérée, de même que l'Etat de droit".
"Majorité silencieuse"
"Tout le monde a souhaité une cohabitation pacifique", a-t-il ajouté.
Sur ce point, Joaquin Forn, chargé des affaires intérieures au sein de l'exécutif catalan, a abondé. "Ce qui compte le plus, c'est que le vivre-ensemble soit préservé", a-t-il dit.
"Mais il est évident que nous n'arrêterons pas la convocation du référendum", a-t-il expliqué en ajoutant que les dirigeants de la police régionale, tenue de respecter les ordres de la hiérarchie, "se casseraient la tête pour trouver une solution".
"La majorité des jeunes est indépendantiste, et si elle ne l'est pas, elle l'est devenue après avoir vu ce qu'a fait l'Espagne ces dernières semaines", déclarait de son côté une jeune manifestante, Aina Gonzalez, 16 ans, en évoquant les perquisitions et arrestations des dernières semaines.
Dans le camp des opposants au référendum, la Société civile catalane, a de sont côté appelé au "bon sens teinté de sagesse" très catalan, le "Seny".
Son vice-président Alex Ramos a annoncé que la "majorité silencieuse" des Catalans qui refusent ce scrutin ne manifestera pas, pour éviter d'accroître la tension.
Reporters sans frontières a dénoncé de son côté les pressions sur les journalistes dans les deux camps.
Et la Banque d'Espagne a estimé que les tensions en Catalogne, qui représente près de 20% du PIB espagnol, pouvaient faire peser des "risques" pour la croissance.
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