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Dans les camps rohingyas, la quête de familles d'enfants perdus

Hasina, sept ans, ne s'est assise que pour un moment, fatiguée de poursuivre les camions d'aide humanitaire. Quand cette petite Rohingya s'est relevée, elle avait perdu sa famille dans les gigantesques camps de réfugiés du Bangladesh.

Dans les camps rohingyas, la quête de familles d'enfants perdus
Hasina, une petite réfugiée rohingya, au camp de Kutupalong, le 23 septembre 2017 au Bangladesh - DOMINIQUE FAGET [AFP]

Séparée des siens, Hasina a rejoint la tranche la plus vulnérable des plus de 250.000 enfants, selon les estimations, passés dans la vague des centaines de milliers de Rohingyas qui ont trouvé abri au Bangladesh pour fuir les violences en Birmanie - considérées par l'ONU comme une épuration ethnique.

Tous ont perdu leur maison et leur source de subsistance. Certains enfants ont vu leur parents ou des membres de leur famille tués sous leur yeux dans le conflit qui secoue l'État birman Rakhine.

Les familles nouvellement arrivées découvrent des camps de réfugiés surpeuplés et doivent s'installer dans des campements sauvages, loin des points de distribution de nourriture. Les chemins de terre de la pointe sud-est du Bangladesh fourmillent d'enfants portant de lourds sacs de riz, des bidons d'eau et des morceaux de tôle.

Dans son malheur, Hasina a eu de la chance. Elle a été recueillie par Nazir Ahmed, un Rohingya arrivé bébé au Bangladesh au début des années 1990. Cet homme s'est engagé, au milieu du chaos des camps, à réunir les enfants égarés et leur famille.

Du petit stand qu'il tient au bord d'une route de terre qui traverse le camp de Kutupalong, le bénévole de 26 ans égrène à longueur de journée dans un mégaphone les informations des enfants retrouvés.

Les parents d'Hasina manquent encore à l'appel mais la mère de Nazir s'occupe amoureusement d'elle dans la petite maison de terre de leur famille, non loin de là.

"Si les gens trouvent des enfants perdus et qui pleurent sur le bord de la route, ils les amènent ici. Ensuite je fais des annonces", décrit Nazir à l'AFP.

"Si des parents viennent les récupérer, je leur rends", ajoute-t-il.

Son stand est assailli par un flot continu de réfugiés qui viennent s'enquérir de proches disparus et lui demander son aide.

Rapts d'enfants

L'arrivée depuis fin août de près d'un demi-million de Rohingyas, minorité musulmane persécutée en Birmanie, a provoqué une grave crise humanitaire dans cette région reculée du Bangladesh.

En raison de la confusion qui règne, nombre de familles ont été séparées. Des enfants et de femmes ont été blessés dans des mouvements de foule causés par des distributions de nourriture.

L'accès à l'aide humanitaire s'améliore et s'ordonne davantage de jour en jour, mais reste compliqué dans certains endroits.

"Les gens sont venus ici avec tant d'enfants et c'est un endroit nouveau pour eux. Ils ne connaissent pas les routes", explique Nasima Khatun, la mère de Nazir, qui a pris Hasina sous son aile depuis près de trois semaines.

"J'ai mes propres enfants et je ressens la douleur des parents de ces enfants", témoigne-t-elle.

Les mineurs isolés sont des proies faciles pour les trafiquants, cauchemar des organisations de protection de l'enfance et des réfugiés. Selon Nazir Ahmed, deux tentatives de rapt de jeunes enfants par des Bangladais ont été récemment déjouées dans les camps.

La foule a frappé les suspects et les a obligés à décamper.

La police locale a également fait état de plusieurs tentatives de kidnappings d'enfants. Des tribunaux mobiles ont été mis en place pour pouvoir rendre une justice express.

Nazir Ahmed n'est pas seul dans son entreprise, plusieurs organisations travaillent sans relâche pour retrouver les familles des enfants perdus. Le Croissant-Rouge dit avoir ainsi réuni une vingtaine de familles, un processus compliqué au vu de la confusion ambiante et des difficultés de communication.

Nazir, pour sa part, n'imagine pas ne pas investir toutes ces forces dans cette cause.

"Les parents ont donné naissance et travaillé dur pour élever leurs enfants. Après cela, ils les ont protégés des massacres et ont réussi à les amener jusqu'ici", dit-il.

"Je ne supporte pas de penser que, après tout cela, des familles puissent être séparées."

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