Ils ont profité de la reprise des vols commerciaux pour retrouver leur maison dévastée à Pointe Pirouette, sur le lagon, côté néerlandais. "On n'a plus de chez nous mais on vient faire le point".
Revenir définitivement ? Hervé, orthodontiste, n'en sait rien. Il se dit "un peu à la merci" des assurances, "vu l'ampleur des dégâts". Pour Cassandre, 17 ans, et Cléopâtre, 15 ans, les choses semblent décidées : elles sont "contentes" de venir "dire au revoir" à leurs amis, et de récupérer des "habits, des chaussures, parce qu'en fait on est partis avec des sacs poubelles avec deux ou trois trucs dedans".
A la descente d'un autre avion, Mireille, infirmière libérale, "en vacances quand Irma est passée", va "découvrir" les dégâts chez elle, même si elle sait déjà qu'"il y a quatre murs. Je peux y vivre c'est déjà bien."
Sur la terrasse en bois de son restaurant de plage à Friar's Bay, sous une véranda à moitié cassée, Kali semble faire partie du paysage, tel un arbre bien enraciné. Sur cette plage "depuis 36 ans", il se dit "en forme" et se donne "encore une semaine" pour "redémarrer" son activité. Il attend avec impatience l'eau courante, même s'il "travaille" grâce à une citerne et un générateur.
A quelques mètres, dans une eau turquoise, Laurent, habitant de Rambaud, au nord du chef-lieu Marigot, prend un bain, parce que "ça détend, ça fait du bien, j'en ai vraiment besoin". Il habite à Saint-Martin depuis 10 ans. Il reconnaît: "c'est vrai qu'on y a pensé, à partir, mais moi je peux pas. Je suis électricien il y a tout à refaire ! On recommence tout. J'ai fait la tour de contrôle, l'aéroport... le Trésor public ! Je sais que c'est pas le moment mais bon !" Il rit nerveusement, les yeux rougis.
'La vie ici est géniale'
Une jeune enseignante venue de l'Hexagone qui a souhaité garder l'anonymat, n'est, elle non plus, pas partie après l'ouragan : "J'ai adoré l'île à mon arrivée, je me suis sentie saint-martinoise très vite et je n'avais qu'une hâte c'est qu'on m'appelle pour aider, pour commencer ma mission d'éducation".
D'autres ont "plein d'idées en tête" pour lancer leur propre entreprise, à l'image de Victorin Janel, originaire de l'île. Cette caissière au Super U affiche un large sourire, "parce que la majorité des gens sont partis alors si jamais ils ne reviennent pas", elle envisage de "faire un recensement de ce qu'on n'a plus sur l'île et là on saura exactement avec quoi on pourra commencer".
Moins enjoué, Stéphane, directeur d'une concession automobile, installé depuis 21 ans à Saint-Martin, reconnaît que "c'est dur encore un petit peu dans (sa) tête, il y a plein de choses... il y a l'ouragan, il y a l'après, on pense à reconstruire (...) mais le problème c'est qu'on voit encore tout ce qui est cassé, on se dit qu'il y a du travail".
Richard Decroc, installé depuis 15 ans, possède une quincaillerie à Hope Estate. Un magasin "qui avait plutôt bien résisté" mais "un petit peu pillé" quelques jours plus tard. Avec une maison "un peu moins touchée" que d'autres, il se dit "absolument" prêt à rester, "parce que la vie ici, elle est géniale par rapport à ailleurs, c'est complètement différent, c'est un petit village, tout le monde se connaît ! On n'a pas tout mais on apprécie ce qu'on a".
Selon lui la reconstruction "va prendre trois à cinq ans minimum" mais qu'importe : "je veux rester pour reconstruire l'île que j'ai décidé d'habiter".
Selon la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, entre 7.000 et 8.000 personnes ont quitté Saint-Martin et Saint-Barthélemy après l'ouragan Irma.
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