Le juge a décidé que le chroniqueur, l'une des figures plus respectées du journalisme en Turquie, pouvait être libéré après 11 mois de détention, même s'il doit être jugé pour "activités terroristes", a indiqué un correspondant de l'AFP.
Le procès des collaborateurs de Cumhuriyet, un journal très critique du président Recep Tayyip Erdogan, a été ajourné au 31 octobre.
Kadri Gursel devait être libéré de la prison de Silivri, en dehors d'Istanbul, dans la nuit de lundi à mardi.
Restent en revanche en détention le patron du journal Akin Atalay et son rédacteur en chef Murat Sabuncu, qui comme Kadri Gürsel sont détenus depuis 330 jours, ainsi que le journaliste d'investigation Ahmet Sik, arrêté fin décembre et détenu depuis 269 jours, et Yusuf Emre Iper, un comptable du quotidien détenu depuis 173 jours.
Lors de l'ouverture du procès fin juillet, le tribunal avait décidé de remettre en liberté provisoire sept collaborateurs de Cumhuriyet arrêtés en octobre, dont le caricaturiste Musa Kart, mais avait exclu de cette mesure cinq autres, dont le sort a été décidé lundi.
43 ans de prison
Au total, 17 dirigeants, journalistes et autres employés actuels ou passés de Cumhuriyet sont accusés d'avoir aidé trois "organisations terroristes armées": les séparatistes kurdes du PKK, un groupuscule d'extrême gauche appelé DHKP-C et le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, appelé FETO par les autorités et accusé d'avoir fomenté le coup d'Etat manqué du 15 juillet 2016. Ils risquent jusqu'à 43 ans de prison.
"J'ai travaillé avec eux et je connais leur passé. Ces collègues ne peuvent pas être des terroristes, il ne peuvent pas être des membres de FETO", a déclaré au tribunal lundi un des témoins de la défense, Alev Coskun, écrivain et membre de la fondation de Cumhuriyet.
La rédaction de Cumhuriyet s'était attiré les foudres de M. Erdogan après avoir publié en 2015 un article affirmant qu'Ankara livrait des armes à des islamistes en Syrie. Son directeur d'alors, Can Dündar, exilé en Allemagne, est jugé par contumace.
Quelque 200 manifestants se sont rassemblés lundi devant le palais de justice à Istanbul où se déroule l'audience, brandissant des portraits des journalistes jugés et des banderoles avec les inscriptions "la liberté aux journalistes" et "la liberté de la presse ne peut être réduite au silence".
Pour les défenseurs des droits de l'Homme, ce procès traduit le recul des libertés en Turquie depuis le putsch manqué, suivi de purges massives qui ont frappé les milieux critiques: élus prokurdes, médias et ONG.
Selon le site P24, spécialisé dans la liberté de la presse, quelque 170 journalistes sont détenus en Turquie. Celle-ci occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par RSF.
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