Le coup d'envoi a été donné par une trentaine de grévistes qui ont bloqué dans la nuit de dimanche à lundi le trafic des poids-lourds sur une autoroute dans le Nord, tout près de la Belgique.
D'autres actions ont ensuité été mises en place au Havre, à Rouen, Caen, Bordeaux, La Rochelle, Marseille, Lyon ou encore Nantes, d'après plusieurs responsables CGT et FO interrogés par l'AFP.
Depuis l'échec mercredi des discussions avec le gouvernement, la ministre des Transports a pourtant tenté de calmer le jeu. "La bonne réponse, ce n'est pas le blocage mais le dialogue", a plaidé Elisabeth Borne, assurant que "le gouvernement est très mobilisé pour éviter le dumping social".
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a estimé dimanche que le gouvernement devait "tenir compte des spécificités" du secteur du transport routier, sans avancer de piste concrète.
La grogne sociale s'est étendue lundi à plusieurs régions de France avec, selon les syndicalistes interrogés, une forte mobilisation.
Le début du mouvement est "à la hauteur de nos attentes", s'est ainsi félicité Jérôme Vérité, le numéro un de la fédération CGT des transports, citant des actions à un péage près de Lyon, devant les dépôts pétroliers d'Ile-de-France et de La Rochelle, et en Normandie.
A Caen, une "opération escargot" a ainsi été menée sur la rocade par "une quarantaine de véhicules", selon un responsable CGT, moitié moins d'après la préfecture. Un "barrage filtrant" devait ensuite être mis en place sur le périphérique sud.
Toutes les actions se mettent en place "tranquillement", d'après Bruno Lefebvre (FO), à l'exception de Bordeaux et surtout Donges, près de Nantes, où c'est "un peu chaud" en raison de la présence des gendarmes, "déjà en place" à l'arrivée des grévistes.
'Provocation'
Dans le Nord, où il se trouve, une opération-escargot était prévue sur l'autoroute en direction d'Arras, ainsi que des actions à Valenciennes et Dunkerque.
Mais dans le Dunkerquois, la dizaine de militants présents a dû renoncer au blocage des dépôts de carburants, protégés par les CRS. Ils ont en conséquence décidé de distribuer des tracts sur un rond-point très passant de Grande-Synthe, a constaté une correspondante de l'AFP.
Situation identique au port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), d'après la préfecture qui a relevé la présence d'une petite cinquantaine de manifestants.
Près de Marseille, au dépôt pétrolier de La Mède, "rien ne rentre et rien ne sort", a en revanche affirmé Fabrice Michaud de la CGT. Selon lui, des "plateformes logistiques sont aussi visées" par une "petite cinquantaine" de grévistes.
Pour faciliter les approvisionnements, le gouvernement a publié samedi un arrêté autorisant les transporteurs d'hydrocarbures à déroger temporairement aux règles en matière de temps de conduite et de repos.
Ce développement a été qualifié de "provocation" par la CGT, fer de lance de la contestation contre les ordonnances réformant le code du travail.
Les organisations de chauffeurs dénoncent la possibilité de "faciliter" les licenciements économiques dans les grands groupes, "l'affaiblissement" des représentants du personnel ou encore le plafonnement des indemnités prud'homales.
Plus spécifiquement, elles s'inquiètent de la possibilité de négocier dans l'entreprise des éléments de rémunération (13e mois, prime d'ancienneté...), jusque-là fixés par la branche professionnelle. Les syndicats redoutent que TPE et PME s'engagent dans une course au "moins-disant social" pour remporter les appels d'offres, ce que le patronat qualifie de "manipulation grossière".
Au-delà de la réforme, les syndicats CGT et FO ont également mis sur la table des négociations la question des salaires, notamment dans le transport de matières dangereuses, et de la directive européenne sur le détachement, en cours de révision.
En revanche, ils ont obtenu de l'Etat un engagement ferme sur le maintien du dispositif de retraite anticipée propre à la profession, dont ils craignaient la disparition.
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