"Nous traversons une période critique" mais "quand on se rassemble, on peut aboutir à de bons résultats", a déclaré la Première ministre britannique, qui avait choisi le cadre de l'église-musée de Santa Maria Novella, à Florence (Italie), pour prononcer son premier grand discours sur le Brexit depuis celui de Lancaster House, à Londres.
C'était en janvier, et Theresa May professait alors un Brexit "dur" en défendant une rupture "claire et nette". Mais c'était aussi avant la déconfiture de la Première ministre aux législatives de juin, et le difficile lancement, dans la foulée, des négociations de sortie avec ses partenaires européens.
Soucieuse de rassurer ces derniers, Theresa May a longuement répété que, malgré le Brexit, le Royaume-Uni n'avait aucune intention de "tourner le dos" à l'UE. "La réussite de nos négociations est dans l'intérêt de tous", a-t-elle insisté.
Point clef de son discours, elle a proposé une période de transition "d'environ deux ans" après le Brexit pendant laquelle les relations liant l'UE au Royaume-Uni resteraient en l'état, afin de pouvoir assurer une sortie de l'Union "en douceur et ordonnée".
May prête à payer
Cette période d'ajustement offrirait au Royaume-Uni la possibilité de continuer à faire affaire librement avec le bloc européen, ce que réclament son ministre des Finances Philip Hammond et les milieux d'affaires, inquiets d'une sortie sans filet de l'UE. "Je sais que les entreprises, en particulier, accueilleraient favorablement les certitudes que cela donnerait", a souligné Theresa May.
Sur le plan financier, point essentiel des négociations, Mme May s'est engagée à "honorer" les engagements britanniques pris dans le cadre du budget européen en cours, dont l'exercice s'achève en 2020: "Je ne veux pas que nos partenaires craignent de payer plus ou de recevoir moins (...) à cause de notre décision de partir".
Reste qu'elle n'a donné aucun chiffre. Les Européens évaluent le montant à payer entre 60 et 100 milliards d'euros en tenant compte de tous les projets pour lesquels Londres s'est engagé.
Sur une autre question centrale, celle des droits des citoyens européens, Mme May a voulu rassurer en affirmant que les tribunaux britanniques devraient se référer à l'accord de sortie et qu'elle voulait qu'ils "prennent en compte les jugements de la Cour de justice de l'UE" dans leurs décisions.
Ces propositions satisferont-elles les Européens? Theresa May a fait montre d'un "esprit constructif", a reconnu le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier. Reste à "traduire (le discours) dans des positions de négociations pour progresser réellement", a-t-il réclamé.
Le Français a aussi relevé que la Première ministre n'avait pas apporté de clarifications sur la façon dont le Royaume-Uni entend s'engager pour garantir les accords de paix en Irlande, autre priorité des Européens.
'Doigt d'honneur'
Côté britannique, le "discours de Florence" a été salué par la principale organisation patronale britannique, la CBI, pour qui "la voix des entreprises a été entendue".
La colère grondait en revanche chez certains Brexiters purs et durs, Nigel Farage en tête: l'ex-chef du parti europhobe Ukip a accusé Theresa May d'avoir fait un "doigt d'honneur monumental aux 17,4 millions de personnes" qui ont voté pour le Brexit lors du référendum du 23 juin 2016.
Ces réactions illustrent la position délicate de Theresa May, au défi de résoudre l'impossible équation de contenter les uns sans mécontenter les autres sur une question qui divise profondément, jusqu'au sein de son Parti conservateur, qui se réunira en congrès annuel à partir du 1er octobre.
Elle doit aussi contenir ses ministres pro-Brexit, en particulier le bouillonnant Boris Johnson, chef de la diplomatie, qui a provoqué une mini-tempête en réclamant la semaine dernière une rupture franche avec l'UE. Depuis, il a fait amende honorable, allant jusqu'à saluer vendredi un discours "motivant" et porteur "d'une vision très séduisante".
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