L'ensemble de l'île n'a plus d'électricité, les communications sont partiellement coupées, et le grand risque maintenant vient des inondations.
"Si vous le pouvez, montez vers les hauteurs MAINTENANT", lançait jeudi à l'aube dans un tweet le service météorologique national, parlant d'inondations "catastrophiques", et de risque de glissements de terrain.
Après avoir ravagé la veille la Guadeloupe et la Dominique, faisant au total dix morts, Maria a perdu en intensité après son passage sur Porto Rico, redevenant un ouragan de catégorie deux sur une échelle de cinq, selon le Centre américain des ouragans (NHC).
Mais la République dominicaine se préparait tout de même "au pire" à l'arrivée jeudi du phénomène météorologique, ce dernier devant regagner en intensité à l'approche de l'île, selon le NHC. "Le gouvernement s'est préparé au pire et les gens devraient en faire de même", a affirmé mercredi le ministre administratif du gouvernement José Ramón Peralta.
L'ouragan, oscillant entre les catégorie 4 et 5 (le maximum) lorsqu'il a atteint Porto Rico, est "la tempête la plus dévastatrice qu'ait connu l'île en un siècle", a déclaré le gouverneur de l'île, Ricardo Rossello.
"Il y a beaucoup d'inondations, beaucoup d'infrastructures endommagées, le système de télécommunications est partiellement détruit et l'infrastructure énergétique ne fonctionne plus", a-t-il déclaré à CNN.
'Dévastation 'pratiquement absolue'
La dévastation est "pratiquement absolue", a témoigné en pleurs la maire de la capitale, Carmen Yulin Cruz, dans un refuge, ajoutant que "de nombreuses parties de San Juan sont complètement inondées".
"Notre vie telle que nous l'avons connue a changé", a-t-elle assuré.
Un homme est mort à Bayamon, dans le nord-est de l'île, frappé par une planche qu'il avait utilisé pour bloquer une fenêtre et que le vent a arrachée, a annoncé le gouvernement.
Dans les refuges, chacun a son témoignage de la violence de Maria.
"Quand les vents ont commencé à souffler fort (...) nous avons dû monter aux deuxième et troisième étages avec toutes nos affaires et les chiots", a raconté par téléphone à l'AFP, Suzette Vega, une habitante de 49 ans qui a trouvé refuge avec 1.200 personnes dans une salle de concert de San Juan.
"Quand j'ai levé les yeux j'ai vu le toit trembler comme une feuille. J'ai demandé +Mais il est en carton?+. On m'a répondu +Non, c'est du ciment+", a-t-elle ajouté.
Dans le centre de la capitale, Imy Rigau était prise au piège de l'eau dans son appartement, le plafond de celui du dessus s'étant envolé. "L'eau est descendue par les escaliers comme dans une cascade et toute cette eau est entrée chez moi", a raconté en pleurs cette femme de 53 ans. "Nous sommes bloqués", s'est-elle lamentée dans une conversation téléphonique avec l'AFP.
Les résidents de San Juan se sont abrités dans les cages d'escalier, derrière des murs épais, tandis que des trombes d'eau et des vents déchaînés déferlaient à l'extérieur, arrachant et emportant des arbres qui tombaient sur des véhicules.
Les autorités ont instauré un couvre-feu de 18h à 06h, autant par sécurité que pour éviter les pillages dans les maisons que leurs habitants ont été forcés d'abandonner.
'Conséquence du réchauffement climatique'
Comme Porto Rico, ce sont plusieurs îles des Caraïbes déjà mises à mal par Irma la semaine dernière qui doivent de nouveau faire face à leur lot d'inondations, de toits et d'arbres arrachés.
En Guadeloupe, au moins deux personnes sont mortes et deux autres sont portées disparues en mer après le passage de Maria mardi.
Plus au sud, sur l'île de la Dominique elle aussi totalement ravagée mardi par Maria, sept personnes ont perdu la vie, mais les autorités ont prévenu que le bilan pourrait encore s'alourdir, les vents violents rendant difficiles et parfois impossibles les opérations de secours.
Des images aériennes de l'AFP montrent une partie de la Dominique jonchée de débris, notamment de toitures arrachées. Un vol de reconnaissance a permis au Centre des situations d'urgence des Caraïbes (CDEMA) d'estimer les dommages à "70-80% des constructions" selon son directeur, Ronald Jackson.
Les Iles Vierges américaines ont elles aussi pâti du passage de l'ouragan, mais sans qu'aucune victime soit recensée à ce stade, alors qu'Irma y avait fait 9 morts. Maria semble aussi avoir épargné l'île franco-néerlandaise de Saint-Martin, où Irma avait fait 15 morts.
Le président français Emmanuel Macron avait affirmé mardi que "ces ouragans sont une des conséquences directes du réchauffement climatique", déplorant la décision américaine de sortir de l'accord de Paris sur le climat.
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