"La démocratie, ce n'est pas la rue", a tranché mardi Emmanuel Macron depuis New York.
A l'avant-veille de cette deuxième mobilisation, lancée par la CGT, Solidaires, la FSU et l'Unef, le chef de l'Etat a réitéré son objectif: faire aboutir une réforme, applaudie par le patronat et les DRH, qui reprend certaines de ses promesses emblématiques de campagne.
"Si je respecte ceux qui manifestent, je respecte aussi les électeurs français, et ils ont voté pour le changement", a expliqué le président, en baisse dans les sondages.
Les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille. Pour eux, les ordonnances, soumises en conseil des ministres vendredi, présentent "des risques de dumping social" et mettent en péril le syndicalisme dans l'entreprise.
Ils sont notamment inquiets d'une baisse des moyens accordés aux représentants du personnel, dans le cadre de la fusion des instances. Ils pointent également le plafonnement des indemnités prud'homales ou la possibilité de passer outre les syndicats pour négocier dans les entreprises de moins de 50 salariés.
S'il y a consensus entre les syndicats pour dire que cette loi risque d'affaiblir les droits des salariés --une vision que partagent les Français selon les sondages--, ils ne sont pas arrivés à faire front commun.
"Quand les syndicats sont divisés, c'est toujours le Medef qui se frotte les mains", a récemment regretté Philippe Martinez, numéro un de la CGT.
Il défilera à partir de 14H00, de Montparnasse jusqu'à place d'Italie pour réclamer le retrait des ordonnances.
Le 12 septembre, la première grande mobilisation sociale du quinquennat Macron, contre cette réforme, avait mobilisé entre 223.000 et 500.000 personnes en France (chiffres police et CGT), soit autant que la première journée de contestation de la loi travail, en 2016.
'Ajuster les ordonnances'
L'ampleur des manifestations sera suivie de près, alors que la dernière "victoire" syndicale liée à une mobilisation nationale date du CPE, en 2006. Près de 200 rassemblements et manifestations sont programmés, légèrement plus que le 12 septembre.
Toutefois, la grève dans les transports publics s'annonce nettement moins suivie, avec un trafic quasi normal à la SNCF et normal à la RATP.
Mais comme la semaine dernière, des militants FO, CFE-CGC, CFTC et CFDT viendront gonfler les troupes des défilés, en opposition avec les lignes de leurs confédérations respectives.
Jean-Luc Mélenchon, qui organise samedi avec La France Insoumise son propre défilé contre la réforme, défilera jeudi à Paris.
Pour ne pas rester en retrait de la grogne, les numéros un de la CFDT, de la CFTC et de l'Unsa ont appelé l'exécutif mardi à "ajuster" les ordonnances, pointant un projet "déséquilibré", qui "facilite" les licenciements.
Le gouvernement "peut encore - et il doit - changer de trajectoire", ont écrit Laurent Berger (CFDT), Philippe Louis (CFTC) et Luc Bérille (Unsa) dans une tribune commune.
Lundi, des syndicats routiers CFDT et CFTC ont ouvert le bal de la contestation de cette semaine, en organisant des rassemblements à Paris et en région.
Les syndicats CGT et FO du transport vont prendre le relais le 25 septembre, avec une grève reconductible. Et ils promettent une "mobilisation massive".
La fédération CGT des services publics a de son côté déposé un préavis de grève courant du 25 septembre au 15 octobre.
A contre-courant des critiques, la principale association de DRH (ANDRH) a salué mercredi des ordonnances "très positives", qui vont "moderniser" et simplifier" la vie des entreprises.
Après avoir annoncé une série de mesures impopulaires, pour faire des économies, le gouvernement devra faire face à d'autres contestations, dont celle de retraités le 28 septembre contre la hausse de la CSG, ou des fonctionnaires, le 10 octobre, opposés aux suppressions de postes prévues ou à la réinstauration du jour de carence.
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