Si "Mutti" (maman), comme la surnomment les Allemands, enchaîne sur un quatrième mandat à l'issue des élections législatives de dimanche, ils devront pourtant trouver un mode de fonctionnement dans la durée.
Le parcours, la personnalité, le registre politique: tout - ou presque - sépare la chancelière allemande, 63 ans, au pouvoir depuis 12 ans, et le président américain, 71 ans, à la Maison Blanche depuis huit mois.
Elle, prudente, pragmatique, discrète. Lui, imprévisible, impétueux, hâbleur.
Avec des nuances dans la forme mais la même fermeté sur le fond, la fille de pasteur élevée en Allemagne de l'Est a, depuis le début de l'année, fait entendre sa différence face au troisième président américain à qui elle a affaire (après George W. Bush et Barack Obama).
A Washington, lors d'une conférence de presse commune avec l'ancien promoteur immobilier élu sur le slogan "L'Amérique d'abord", elle a appelé à aborder la mondialisation avec "un esprit ouvert".
A Taormina, en Sicile, à l'issue d'un G7 houleux où le président américain a fait cavalier seul sur le climat, elle a dénoncé sans détour des discussions frustrantes ayant abouti à un "six contre un".
A Munich, elle a averti les Européens que l'époque où ils pouvaient compter sur les Etats-Unis sans la moindre hésitation était "quasiment révolue": "Nous, Européens, devons prendre notre destin en main".
Désaccords, du climat à l'Iran
"Politiquement, il est difficile d'imaginer deux personnages plus différents", résume Charles Kupchan, qui enseigne les affaires internationales à la Georgetown University.
"Trump a accédé au Bureau ovale en promettant le grand changement à des Américains mécontents. Merkel continue à gagner en promettant aux Allemands la continuité", ajoute cet ancien conseiller de Barack Obama pour les affaires européennes.
Les divergences de vue entre les deux sont réelles, profondes.
Si les critiques américaines sur l'excédent commercial allemand ne sont pas nouvelles, Donald Trump a opté pour un ton nettement plus agressif que ses prédécesseurs sur ce thème, menaçant d'instaurer des taxes douanières en représailles.
L'annonce du retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat a été très mal accueillie à Berlin.
Et si, comme il le laisse entendre, Donald Trump remet prochainement en cause l'accord sur le nucléaire iranien, signé entre Téhéran et six grandes puissances, dont les Etats-Unis et l'Allemagne, le relation devrait s'aggraver encore.
En 2003, la tension était montée entre Washington et Berlin, lorsque le gouvernement du social-démocrate Gerhard Schroeder avait marqué son opposition à la guerre en Irak lancée par l'administration de George W. Bush.
Mais jamais la crispation n'a atteint un tel niveau, argue Charles Kupchan.
"Trump soulève des questions sur l'engagement des Etats-Unis en faveur du libre-échange, sur le combat contre le changement climatique et sur la relation que les Etats-Unis et l'Europe ont bâti depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale", explique-t-il.
Or, l'enjeu dépasse largement celui des relations bilatérales: doyenne des dirigeants européens, Angela Merkel occupe, de facto, une position à part dans le jeu diplomatique.
Propos de campagne
Reste que l'analyse des relations entre les deux dirigeants ne peut faire abstraction des luttes électorales dans leurs pays respectifs.
Soucieux de galvaniser sa base sur la question de l'immigration, Donald Trump a, pendant sa campagne, brandi la chancelière en contre-exemple, stigmatisant sa décision de d'ouvrir les frontières à des centaines de milliers de demandeurs d'asile.
"Hillary Clinton veut être l'Angela Merkel de l'Amérique, et nous avons vu la criminalité et les nombreux problèmes que (cette dernière) a engendré pour les Allemands", ironisait-il lors d'un rassemblement en Caroline du Nord.
De son côté, Angela Merkel, craignant d'être accusée par son adversaire, Martin Schulz, de manquer de fermeté vis-à-vis de l'exubérant magnat de l'immobilier propulsé à la Maison Blanche, en a rajouté dans ce sens.
"La campagne électorale a poussé (Angela Merkel) à une rhétorique plus dure que ce qu'elle affectionne", estime Jeremy Shapiro, directeur de recherches au European Council on Foreign Relations.
Si une légère amélioration post-élection est envisageable, peu d'observateurs croient à un nouveau départ - ou un rebond - entre ces deux dirigeants si dissemblables.
L'objectif de Merkel-la-pragmatique vis-à-vis du locataire de la Maison Blanche ?
"Défendre fermement, mais calmement, sa position. Ne pas se lancer dans des polémiques en public. Essayer de s'entendre avec lui autant que possible sans jamais montrer de signes de faiblesse", résume Jeremy Shapiro.
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