Human Rights Watch (HRW) a ainsi appelé les Nations unies, à la veille de l'Assemblée générale à New York, à imposer des sanctions ciblées et un embargo sur les armes.
"Les commandants militaires birmans sont davantage susceptibles de répondre aux appels de la communauté internationale s'il y a des conséquences économiques réelles", a commenté John Sifton de HRW.
L'ONU dénonce déjà une "épuration ethnique" menée par la Birmanie, dont l'armée mène depuis plus de trois semaines une opération de représailles ayant fait fuir en masse les civils, après des attaques de rebelles rohingyas le 25 août.
Quelque 412.000 réfugiés sont depuis arrivés au Bangladesh, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).
En trois semaines s'est créé l'un des plus grands camps de réfugiés du monde et les autorités locales comme les ONG, débordées, peinent à venir en aide aux nouveaux venus.
Dans ce chaos, les accidents se multiplient : deux personnes âgées sont mortes lundi sous les pas d'éléphants sauvages ayant piétiné leur abri de fortune.
En effet en l'absence de place dans les campements existants, les nouveaux arrivants s'installent où ils le peuvent, déboisant à grande échelle, au risque de perturber la faune sauvage.
Toutes les collines de la zone sont aujourd'hui couvertes d'une mer de bâches noires sous lesquelles s'abritent les réfugiés, harassés par les pluies de mousson, qui ont fait de la zone un immense champ de boue.
Samedi, deux enfants et une femme sont morts dans une bousculade. Complètement démunis, affamés après des jours de marche sous la pluie, d'immenses foules se massent chaque jour pour tenter d'attraper au vol des habits ou de la nourriture lancés lors de distributions improvisées.
- Nouveaux incendies -
Et les Rohingyas continuent à affluer, les incendies de villages se poursuivant.
"Dans le district de Maungdaw, l'armée incendie des villages tous les jours. On nous rapporte quotidiennement deux à trois incendies", affirme à l'AFP Chris Lewa, du projet Arakan, une organisation de défense des droits des Rohingyas dont le travail d'enquête est utilisé depuis des années par l'ONU.
Et beaucoup craignent aujourd'hui que ces Rohingyas se retrouvent coincés pour des années au Bangladesh : la Birmanie a annoncé qu'elle ne reprendrait pas ceux qui sont partis, les estimant complices des rebelles rohingyas, qualifiés de "terroristes" par le gouvernement.
"Ceux qui ont fui leurs villages se sont rendus dans d'autres pays de peur d'être arrêtés car ils sont impliqués dans les attaques violentes", a assuré samedi le service de presse d'Aung San Suu Kyi.
Pressée de toute part, la dirigeante birmane va finalement s'exprimer mardi à 10H00 locales (03H30 GMT).
Cette dernière est prise en étau entre la communauté internationale, très sévère à son égard, et la population birmane, marquée par un fort racisme antimusulman.
Aung San Suu Kyi a jusqu'ici apporté son soutien sans faille à l'armée, accusée de mener des exactions sous couvert d'opération antiterroriste.
Pour Aung San Suu Kyi la marge de manoeuvre est limitée d'après les experts. "La nation birmane est en train de se construire et elle a décidé de se construire sans les Rohingyas. Penser qu'on passera outre est complètement illusoire", estime Maël Raynaud, spécialiste de la Birmanie.
Lundi à Rangoun, des manifestants ont dénoncé les pressions de la communauté internationale.
Le rejet des Rohingyas, considérés comme des étrangers illégaux dans ce pays à plus de 90% bouddhiste, est très répandu dans la population birmane.
Depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, les Rohingyas sont soumis à de nombreuses restrictions : ils ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation, ils n'ont accès ni au marché du travail, ni aux services publics (écoles et hôpitaux).
A Dacca, au moins 20.000 islamistes, vêtus de tuniques blanches et chantant "Dieu est grand" marchaient lundi vers l'ambassade de Birmanie, souhaitant l'"assiéger" pour protester contre les violences contre les Rohingyas.
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