Bienvenue dans le monde spectaculaire du "fierljeppen", sport emblématique de la province de la Frise. Traduit du frison, la deuxième langue officielle des Pays-Bas, fierljeppen signifie "sauter loin", un sport qui mélange le saut à la perche et le saut en hauteur.
Le but pour les athlètes est de courir le plus vite possible vers une rampe, avant de s'élancer sur une perche en fibre de carbone, plantée dans le fond boueux d'un canal. Une fois accrochés à la perche, ils se hissent jusqu'en haut et se servent de leur élan pour basculer de l'autre côté d'une étendue d'eau de 15 mètres, avant d'atterrir le plus loin possible sur un banc de sable spécialement aménagé sur l'autre rive.
Du moins, en théorie. Car le plus souvent, le saut est avorté. Lorsque la perche s'incline vers le côté, au lieu d'aller vers l'avant, ou lorsque les mains de l'athlète glissent. S'ensuit alors un plongeon humiliant mais spectaculaire dans le canal, dont la profondeur est de deux mètres.
Chaque plouf est accompagné par des cris de désarroi du public depuis les tribunes ou sur la rive opposée.
'Ne pas avoir le vertige'
"Ce n'est pas facile", admet Etty Kramer, présidente du club de fierljeppen du petit village It Heidenskip, situé à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Leeuwarden, la capitale de la province.
"Il faut les qualités explosives d'un sprinter associées à la force du haut du corps d'un gymnaste", affirme la quinquagénaire, pilier de ce sport depuis 38 ans.
"Ensuite, vous avez besoin de concentration et d'équilibre pour faire en sorte de ne pas basculer dans la mauvaise direction mais, ce qu'il faut surtout, c'est de l'audace", explique-t-elle à l'AFP.
Et: "Vous ne devez pas avoir le vertige..."
Personne ne sait vraiment quand cette discipline sportive est née, mais dans la littérature néerlandaise, des hommes traversent un canal à l'aide d'une perche depuis le XVIe siècle.
Dans le folklore local, un homme aurait caché un message secret dans sa perche en bois avant de sauter au-dessus d'un canal et de franchir les lignes ennemies en 1575, durant la révolte hollandaise contre la domination espagnole.
Pendant plusieurs siècles, les paysans utilisaient la même méthode pour se rendre d'un "polder" à l'autre, et ainsi rallier ces parcelles entourées d'eau.
La première compétition officielle de fierljeppen a eu lieu en août 1957, dans le village frison de Winsum. Mais il a fallu attendre 1978 pour voir la naissance d'une fédération officielle, le Frysk Ljeppers Boun.
Cependant, ce sport reste relativement méconnu, même dans le reste des Pays-Bas.
Fierté frisonne
Aujourd'hui, quelque 250 hommes et femmes s'affrontent dans trois catégories différentes au cours d'une soixantaine de compétitions durant l'été.
Ajouté à la langue frisonne, au patinage sur glace et à la race bovine locale, le fierljeppen est une source de fierté pour de nombreux habitants de la région, où le sentiment d'appartenance est tel que plus d'un revendiquent l'indépendance.
Etty Kramer soulève donc un point très sensible lorsqu'elle se doit d'avouer que le record de 22,21 mètres n'est pas détenu par un Frison, mais par Jaco de Groot, originaire de la province voisine d'Utrecht. Récemment, il a osé rayer des tablettes le héros de la Frise, Bart Helmholt.
"Ils ont sauté plus loin que nous (les perchistes non-originaires de la Frise, ndlr). Les choses doivent changer pour faire en sorte que les Frisons soient de nouveau les meilleurs", observe-t-elle stoïquement.
Cette fois-ci, la compétition ne se déroule pas très bien pour celui qui joue à domicile, Sytse Bokma, deuxième du classement général avant l'épreuve du jour. Désigné comme l'une des futures stars de ce sport, le jeune espoir enchaîne les tentatives ratées et boit la tasse à maintes reprises, au grand désespoir du public.
Finalement, il terminera troisième derrière un autre favori local, Ysbrand Galama, qui a livré un combat intense face au champion frison actuel, Nard Brandsma, auteur du saut gagnant de 20,72 mètres.
"Je n'étais pas à mon meilleur niveau aujourd'hui", a réagi Syste Bokma auprès de l'AFP. "Mais la plus belle chose pour moi est de voir les enfants nous acclamer du bord du canal, car ils sont l'avenir de notre petit sport."
"Particulièrement lorsque vous finissez dans l'eau!"
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