Mais la situation s'est considérablement détériorée depuis et même le "roi de la pop" en a été victime.
Il y a un mois, sa statue de bronze qui fait la fierté de ce quartier bâti sur une colline proche du Christ rédempteur du Corcovado a été affublée d'un fusil d'assaut sur une photo circulant dans les réseaux sociaux.
Une image qui montre que la favela de 5.000 habitants surplombant le quartier aisé de Botafogo est à nouveau sous le contrôle des narcotrafiquants. Depuis, au moins six fusillades ont éclaté à Santa Marta et un policier a été blessé.
Le projet de "pacification" est né il y a une dizaine d'années, quand la ville se préparait à recevoir le Mondial-2014 et les jeux Olympiques de 2016.
Le gouvernement local de l'État de Rio a alors décidé de changer de stratégie dans la guerre contre le crime organisé en occupant certaines favelas avec des Unités de Police Pacificatrice (UPP).
Environ 9.500 agents ont été déployés dans 38 favelas, avec pour vocation d'implanter un service de police de proximité. À Santa Marta, où la première UPP de Rio a été installée en décembre 2008, la stratégie a porté ses fruits dans un premier temps: pas un coup de feu pendant six ans.
Les visiteurs illustres se sont succédé, de Madonna en 2009 au vice-président américain Joe Biden en 2013.
Mais une fois les grands événements sportifs passés, le glamour a laissé place au désarroi. La crise économique est passée par là et dans un Etat de Rio au bord de la faillite, les fonctionnaires accumulent parfois des mois de salaire en retard.
"Santa Marta n'est plus pacifiée. Nous n'avons plus la paix, une fusillade peut éclater à tout moment", déplore Zé Mario Hilario, président de l'association de quartier.
Loi du silence
Même si la violence est bien plus exacerbée dans les favelas situées en périphérie de Rio, la tension est palpable.
La loi du silence est à nouveau en vigueur, de peur des représailles. "Ici, il vaut mieux dire 'je ne sais pas, je n'ai rien vu'", résume la cliente d'un salon de coiffure.
Les chiffres officiels font froid dans le dos: lors du premier trimestre 2017, 623 fusillades ont été recensées dans des favelas censées être "pacifiées", sept par jour en moyenne.
Plus de cent policiers ont été tués depuis le début de l'année, huit d'entre eux dans des UPP.
Au premier abord, pourtant, Santa Marta semble un lieu idyllique. Les visiteurs peuvent monter la colline à bord d'un funiculaire et observent les mansardes aux couleurs bariolées, avec en bonus une vue imprenable sur les deux principaux sites touristiques de la ville: le Pain de Sucre, d'un côté, et le Christ rédempteur, de l'autre.
Sur la "place Michael Jackson", cinq policiers munis de gilets pare-balle et armés de fusils d'assaut montent la garde près de la statue et les visiteurs se font rares.
"Avec tout ce qui se passe dans les favelas, j'imagine que les touristes ont peur de venir", observe Andrea Miranda, vendeuse de souvenirs sur la place.
Quelques minutes plus tard, quatre détonations se font entendre à proximité.
"Je ne veux pas dire que le projet a échoué, sinon, il risque d'être abandonné. S'il est abandonné cela reviendrait à passer le message que les favelas peuvent revenir sous le contrôle de groupes armés", alerte Silva Ramos, une des chercheuses du Centre de recherches sur la sécurité et la citoyenneté (Cesec), critiquant l'absence de projets sociaux pour accompagner le dispositif répressif.
Malgré tous les problèmes, Zé Mario refuse de baisser les bras et espère ne pas devoir reprendre le refrain de la chanson du clip de Michael Jackson, tourné à Santa Marta en 1996: "They don't care about us" (Ils se moquent de nous).
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