Les discours pour l'Assemblée générale annuelle de l'ONU commenceront mardi avec notamment ceux des dirigeants américain, français, marocain, turc ou israélien. Les crises dans le monde (Corée du Nord) comme de grandes thématiques (climat) seront au centre des échanges.
Mais le ballet diplomatique débute lundi à 14h00 GMT par une cérémonie présidée par Donald Trump, au cours de laquelle environ 130 pays endosseront une déclaration politique non contraignante en dix points poussant l'ONU à se réformer. Trois interventions sont prévues, du président américain, de son ambassadrice à l'ONU Nikki Haley et du secrétaire général des Nations Unies, le Portugais Antonio Guterres.
Ce dernier "n'a pas eu le choix, il était obligé d'y aller", commente un diplomate sous couvert d'anonymat. La France a renaclé jusqu'à dimanche pour finalement décider de signer le texte, n'ayant pas apprécié, selon plusieurs de ses partenaires, la manière dont a été conduite l'initiative américaine. La position finale de la Chine et de la Russie, autres membres permanents du Conseil de sécurité, reste incertaine.
Trump critique 'le club' ONU
En août, les Etats-Unis avaient approché une quinzaine de capitales, dont Berlin et Londres, mais ni Paris ni Rome, avec un premier projet de texte insistant sur la responsabilité du secrétaire général dans les réformes.
L'objectif précisé dans la déclaration, dont l'AFP a obtenu une version révisée et adoucie à l'endroit du patron de l'ONU, est de rendre "plus efficace et performante" une organisation souvent taxée de lourdeurs administratives coûteuses.
Le milliardaire américain, qui avant son élection avait qualifié l'ONU de "club" où les gens "passent un bon moment", veut voir ses coûts fortement réduits. Washington est le premier contributeur financier à l'ONU, assurant 28,5% des 7,3 milliards de dollars du budget opérations de paix, et 22% des 5,4 milliards de ses crédits de fonctionnement.
Cette approche principalement budgétaire heurte nombre des membres des Nations unies. Et l'initiative américaine est venue s'entre-mêler avec des réformes structurelles engagées par Antonio Guterres. Prêt à faire des économies, ce dernier a mis en garde contre le risque de "saper l'efficacité" des missions de paix.
Selon certains diplomates, une réduction de moitié par exemple du budget du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), qui dépend à 40% de la contribution américaine, le rendrait inopérant.
La déclaration américaine n'entre pas dans les chiffres, se bornant à lister de grands principes. Et c'est ce que retiennent ses signataires.
"C'est un gros événement, car Donald Trump a dit du mal de l'ONU et finalement il vient un jour avant le début de l'Assemblée générale pour être l'hôte d'un événement sur la réforme qui vise à soutenir Antonio Guterres", note sous couvert d'anonymat un diplomate, dont le pays a signé la déclaration américaine.
'Chiffre miraculeux'
"Chacun a son agenda, ses idées, les Américains, le secrétaire général, nous, mais nous adoptons des principes de base communs", estime-t-il, en se félicitant d'un nombre "impressionnant" de signataires. Vendredi, Nikki Haley a parlé d'un "chiffre miraculeux".
Dans l'entourage d'Antonio Guterres, le profil reste bas. "On n'a pas à être d'accord ou pas d'accord" avec le texte américain, dans lequel "il n'y a pas grand chose de contradictoire" avec le processus engagé par le secrétaire général, s'irrite un responsable de l'ONU sous couvert d'anonymat.
Parmi les économies, Antonio Guterres espère réduire par exemple de 15% en 2017-2018 les dépenses liées au parc aérien de l'ONU par une gestion plus rationnelle des aéronefs et de leur soutien logistique.
Selon son entourage, il souhaite aussi avoir un budget de fonctionnement annuel et non plus sur deux ans comme actuellement, s'alignant ainsi sur la durée retenue par les Etats membres au niveau national. Et n'avoir qu'un seul document pour ce budget, qui se décline aujourd'hui en plusieurs textes, le rendant "illisible".
"Mon intention est de faire tout ce que je peux pour préserver l'intégrité des opérations de paix, mais de faire aussi tout ce qui est possible pour les rendre le plus efficace possible au moindre coût", a récemment résumé Antonio Guterres.
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