Serait-ce déjà l'effet Marco Gobbetti, l'ex-PDG de Céline qui a pris tout récemment les commandes de Burberry pour relancer le groupe, confronté à des difficultés?
Samedi soir, la collection printemps-été 2018 de la puissante marque britannique a fait montre d'audace et de fantaisie, preuve qu'il est possible d'incarner la quintessence de l'élégance à l'anglaise sans rester perché sur ses acquis.
Le show a lieu à l'Old Sessions House, un élégant bâtiment du XVIIIe où se presse, comme il est de coutume chez Burberry, quantité de stars et VIP, de Kate Moss à Naomi Campbell en passant par Lennon Gallagher, fils de l'ancien chanteur d'Oasis Liam Gallagher.
Ce qui saute aux yeux, c'est le plastique, que Christopher Bailey, le styliste de la marque, décline à l'envi en jouant avec les formes et les couleurs.
Il y a ce long paletot à capuche en plastique doux, porté avec une veste décontractée en cuir d'agneau et des sandales en cuir doré, ou sur une robe plissée mi-longue en tulle.
Ou cet anorak en plastique souple et ultra-fin porté à même la peau, tranchant avec un kilt en laine tartan, Bailey n'aimant rien tant que piocher dans le répertoire vestimentaire du Royaume-Uni.
Les plastiques sont translucides et colorés: il y a du jaune antique, du rose et du turquoise.
Bailey use aussi de la dentelle, dont il orne des jupes longues et sensuelles, et pioche dans le streetwear, avec des casquettes de baseball à motif "check", ce tartan beige, blanc, noir et rouge apparu en 1924 et devenu depuis l'emblème de la marque.
Manifestations anti-fourrures
Plus tôt dans la journée, Jonathan Anderson, directeur artistique de la marque de maroquinerie espagnole Loewe (groupe LVMH), a présenté la collection de sa propre griffe, J.W. Anderson.
Avec un maître mot: le "calme", dit le créateur britannique de 33 ans, considéré comme l'un des plus talentueux de sa génération.
Le monde d'aujourd'hui, argumente-t-il, "nous rend hystériques". "Les médias nous rendent hystériques et j'ai le sentiment qu'il faut parfois revenir aux fondamentaux".
Printanier, presque champêtre, son vestiaire propose une collection de robes fluides ultra-confort, portées avec des bottines faussement rugueuses rappelant les chaussures de randonnée.
La palette est zen et écolo: bleu aérien, vert pistache, rouge tomette et couleur chair.
Anderson cultive le paradoxe: à la fois moderne et classique, sage et audacieux, il convoque des brassières vintage à bretelles froncées pour rehausser de longues jupes à rayures noires nouées à la taille par des ceintures lacets. Et recouvre ses petites robes bustier de longs tee-shirts aux cols échancrés.
"Il y a cette idée de sanctuaire, comme le calme avant la tempête", explique le créateur, fils de l'ancien international de rugby Willie Anderson.
A regarder de près l'emploi du temps de Jonathan Anderson, il y a de quoi comprendre cette aspiration à la respiration: à peine vient-il de défiler, qu'il présentera la semaine prochaine une collection créée pour la marque japonaise Uniqlo.
"Je porte leurs vêtements tous les jours", dit-il. "Alors quand ils sont venus vers moi, (cette collaboration) était évidente".
Samedi également, la label Nicopanda a révélé une ligne "exclusive de six pièces" réalisée pour Amazon Mode et mise en vente dès la fin du show, nouvelle initiative du géant américain du commerce en ligne pour devenir un incontournable de la mode.
Dimanche, les fashionistas pourront voir Armani, qui fait un retour remarqué à Londres, mais aussi TopShop ou Versus Versace.
Petit accroc dans un programme bien ficelé de 80 défilés, la Fashion Week de Londres est le théâtre depuis vendredi de manifestations de militants pour les droits des animaux.
Samedi, plusieurs dizaines d'entre eux se sont bruyamment rassemblés sous les fenêtres du défilé Burberry en scandant "honte à vous" et en réclamant l'exclusion des marques utilisant de la fourrure.
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