Les 80 internes de cet établissement de la fondation Apprentis d'Auteuil ont débuté l'année scolaire au milieu de 13 hectares de verdure, dans des bâtiments historiques qui jouxtent plusieurs terrains de sport.
"C'est une bulle. Nécessaire pour eux", souligne le directeur de l'ensemble scolaire, Hubert Calonne. Les garçons de 12 à 16 ans accueillis ici "ne tiendraient sans doute pas une année scolaire ailleurs".
L'objectif premier est en effet d'"éviter la déscolarisation". "On répond à des parents qui n'arrivent plus à gérer l'adolescence de leurs enfants et qui recherchent un cadre éducatif pour eux", résume M. Calonne. Car bien souvent, à la maison, ils n'ont "pas d'endroit pour faire leurs devoirs", personne pour les y aider, ou sont "trop sollicités par les écrans".
Ici, l'internat promet, grâce à un taux d'encadrement important - deux éducateurs pour 20 ados -, de réconcilier les jeunes avec l'école mais aussi de leur apprendre à "vivre ensemble".
Ils sont répartis, par âge, dans des appartements, où il mangent, étudient et dorment, à deux ou trois par chambre. Le confort est sommaire mais certaines bénéficient d'une vue imprenable sur Paris.
Le lever est à 7H00 pour un début des cours à 8H30. Après la classe, c'est le goûter. Puis 1H30 d'étude encadrée. "Je viens m'assurer qu'ils comprennent ce qu'ils apprennent", explique Jean-Pierre, un bénévole.
Puis c'est le dîner, avant un "temps calme" et l'extinction des feux vers 21H30.
"Au départ, ils ont beaucoup de mal avec les règles", raconte Odile Borras, éducatrice dans cet internat depuis trois ans. Or, elles sont nombreuses: par exemple, les téléphones ne sont autorisés que quelques heures par jour. Et la télévision du foyer restera éteinte tout le premier trimestre.
'Trop de bêtises'
En début d'année, l'éducatrice hausse vite le ton. "Il faut réapprendre beaucoup de choses: écouter le professeur, faire ses devoirs, respecter les autres, mais aussi faire son lit, ranger sa chambre".
A tour de rôle, les jeunes sont de "service". Ils aident à mettre la table ou à passer le balai. Et si l'un d'eux est exclu de classe, il est privé d'activité sportive ou récréative.
"Ici, on peut jouer au foot, au basket, au baby-foot ou au billard", égrène Bragaye, 13 ans, en 5ème. Envoyé à l'internat l'an dernier par sa mère, qui lui disait qu'il "manquait de concentration à l'école", il a l'impression que "ça va mieux".
Julien, en 6ème, est arrivé il y a seulement dix jours. "L'année dernière, je me faisais exclure des cours, je faisais trop de bêtises". Se décrivant comme "hyper-actif", il assure, du haut de ses dix ans, "avoir besoin d'un cadre et d'autorité". "Ca me fait du bien de ne pas être avec ma famille", reconnaît-il aussi.
Un père de famille, rencontré par l'AFP, a choisi l'internat pour son fils car il ne venait pas à bout de "problèmes de discipline". "A la maison, on a beau lui donner les règles, il ne les écoute pas", confie-t-il. "On passait notre temps à punir, on voyait que ça ne donnait rien, on a cherché une autre solution".
"En faisant une demande d'internat, les familles veulent souvent mettre une distance avec leurs enfants pour les protéger", explique Marie-Dominique Pradines-Le Besnerais, directrice d'Ecoute infos familles, la plate-forme téléphonique d'accompagnement d'Apprentis d'Auteuil.
Sur 3.000 appels reçus chaque année, la moitié concernent des demandes d'internat. "C'est une solution, mais cela ne règle pas tout", avertit-elle. "Les problèmes scolaires sont souvent la conséquence d'un dysfonctionnement au sein des familles, nous les accompagnons pour tenter de trouver des remèdes pérennes".
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